L’intitulé technico-technique ne doit pas faire détourner le regard. Le
sommet mondial des « systèmes alimentaires », qui se tient aujourd’hui à New
York sous l’égide de l’ONU, aborde un enjeu capital pour l’avenir de
l’humanité : celui de la nourriture. Quelles pratiques agricoles ? Quel type de
distribution et de consommation ? Quel rôle pour les industriels et les
paysans ? Questions fondamentales. Car de la qualité de ces systèmes alimentaires
dépend la lutte contre la faim dans le monde (811 millions de personnes
sont actuellement en sous-nutrition, chiffre en hausse). Mais également le
combat environnemental et climatique : ces circuits, du producteur au
distributeur, sont tenus responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet
de serre.
Le raout onusien risque surtout de nourrir pas mal de désillusions.
Autant dire que le raout onusien, où doivent se presser 85 chefs
d’État et de gouvernement, a du pain sur la planche. Malheureusement, il risque
surtout de nourrir pas mal de désillusions. Signe des temps, ce sommet n’a pas
été convoqué par les États membres, mais – pour la première fois
– suite à un partenariat signé avec… le forum économique mondial de
Davos ! Les dix-huit mois de préparation n’ont fait que confirmer les craintes
des ONG et autres défenseurs de l’agriculture paysanne. Là où ces derniers
espéraient l’amorce d’un changement profond de modèle alimentaire, ils ont vu
les multinationales de l’agrobusiness étendre leur influence, semer leurs
solutions technologiques « révolutionnaires » (nouveaux OGM, viande in vitro…),
en espérant gaver leur fonds de commerce. Navrant.
Alors que les petits
paysans nourrissent 80 % de la planète, il est à craindre que ce « sommet
des peuples » se fasse sans ces derniers. Et accentue surtout l’emprise de
l’agriculture industrielle – et de son engrenage productiviste -– sur les
terres, les semences, les gènes animaux et végétaux. De vieilles recettes
indigestes qui résument la faim à un simple problème de production et non pas
d’inégalités, de pauvreté et d’accaparement des ressources. Si l’ONU laisse de
côté ces aspects, elle alimentera surtout une chose : la déception.
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