Le débat enfle dans
l’opposition, alors que le chèque énergie de Macron s’annonce insuffisant pour
compenser l’explosion des factures.
L’État doit-il prendre ses responsabilités et siffler la fin de
l’emballement des prix de l’énergie ? C’est en tout cas le sens de l’appel de
Fabien Roussel, jeudi 23 septembre. « Je demande au président de
la République de bloquer les prix : à partir du 1er octobre,
qu’il n’y ait plus une seule hausse des prix de l’électricité et du gaz »,
a interpellé le secrétaire national du Parti communiste français et candidat à
la présidentielle sur Public Sénat.
La facture s’annonce en effet salée pour les foyers français cet hiver,
avec des conséquences dramatiques pour les ménages les plus fragiles. Les
tarifs du gaz explosent partout en Europe depuis la fin de l’été dans un
contexte de forte demande due à la reprise post-Covid, alors que les stocks
sont faibles. Pour ne rien arranger, la Russie a réduit ses flux d’exportations
gaziers, officiellement suite à plusieurs incidents sur ses infrastructures et
gazoducs. Résultat, le prix du gaz a subi une série de hausses : 10 % en
juillet, 5 % en août et 8,7 % en septembre. Et pour l’électricité,
dépendante des cours du pétrole, ce n’est guère mieux. Selon UFC-Que choisir,
la facture passera en 2022 à 1 700 euros par an, contre1 550 euros en
moyenne début 2021.
Cela représente une hausse de 150 euros qui excède les 100 euros
supplémentaires de chèque énergie promis en catastrophe par le gouvernement
(d’autant que la mesure, chiffrée à 600 millions d’euros, ne concerne que
20 % de ménages éligibles). Sans compter les répercussions de la hausse de
l’énergie sur le niveau général des prix, plus difficile à quantifier. Pour le
gouvernement, une telle situation pourrait être socialement explosive. Or
l’Élysée, qui cauchemarde encore des gilets jaunes la nuit, a tout intérêt à
s’éviter un nouveau mouvement social contre la vie chère à quelques mois des
élections.
La renationalisation d’EDF également évoquée
Face à l’explosion des prix, l’option d’une intervention de l’État afin de
plafonner les tarifs énergétiques fait son chemin dans l’opposition. Jean-Luc
Mélenchon a lui aussi appelé à un blocage des prix des produits de première
nécessité, parmi lesquels l’essence, le gaz et l’électricité, auxquels le
candidat de la France insoumise ajoute l’alimentaire. Cette proposition
s’inscrirait dans un projet de loi d’urgence sociale qui inclurait une
augmentation du Smic à 1 400 euros net. Même si elle ne manquerait pas de
faire grincer des dents les producteurs et distributeurs, l’option d’un blocage
n’a rien d’infaisable, surtout temporairement. En juillet 2011, le gouvernement
Fillon avait annulé la hausse attendue des prix du gaz, qui devait excéder les
10 %, puis avait fait en sorte de la limiter en dessous de 5 %.
Fabien Roussel, qui
propose également d’augmenter le Smic à 1 800 euros brut, s’est saisi de
la question pour élargir le débat à la question de la renationalisation de la
production et de la « souveraineté en matière de choix énergétiques ».
« Moi je propose de diviser par deux la facture d’électricité et de gaz. On
renationalise EDF pour retrouver la maîtrise de ce merveilleux outil de
production et distribution d’électricité, et on fixe les tarifs », a
déclaré le député PCF du Nord. Se faisant, il deviendrait possible de supprimer
les taxes que prélève actuellement l’État, « ce qui ferait gagner
40 % sur le coût de la facture ».
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