Jusqu’au
22 octobre, le Hall de la chanson célèbre le centenaire de la naissance de
l’artiste dans son théâtre et dans les quartiers parisiens où il vécut.
« Je suis de la mauvaise herbe, braves gens… Et je me demande pourquoi, bon
Dieu. Ça vous dérange que je vive un peu », chantait Georges Brassens en 1954
dans la Mauvaise herbe. Ce morceau sert de fil conducteur au
spectacle éponyme joué sur la scène du Hall de la chanson, à Paris.
Mésaventures de jeunesse
Le Sétois, qui aurait eu 100 ans le 22 octobre prochain, y évoque
ses mésaventures de jeunesse, qui l’ont poussé à trouver refuge dans la
capitale occupée en 1940. « Adolescent, Brassens commet un vol avec des
copains qui est suivi d’un procès, où il sera condamné à une peine de
sursis, rappelle Serge Hureau, codirecteur du Hall de la chanson et
cometteur en scène de la création. Il est considéré comme un délinquant
et sa mère lui assène qu’il est la honte de Sète. C ’est
ce drame à partir duquel il a rebondi qui nous a intéressés. »
À découvrir aussi notre
dossier : Brassens : l’homme qui
rêvait d’être poète
Dans le décor d’un cimetière stylisé, Alexandra Lacour, Arthur Goudal,
Lucie Durand et Baptiste Chabauty entonnent les Quatre Bacheliers
(1966), dans lequel l’homme blessé évacue encore son
traumatisme. « Et à 19 ans, il s’est dit “ah bon, je suis une
crasse ? Alors je pars de la ville qui m’insulte !” » poursuit le
spécialiste. Le jeune adulte s’installe chez sa tante Antoinette, au 173, rue
d’Alésia. Il ne quittera le 14 e arrondissement qu’à la fin de sa vie
pour migrer dans le 15 e.
La plume engagée d’un anarchiste
Aux puces de la porte de Vanves, l’autodidacte se procure la fameuse
Méthode rose pour apprendre à jouer du piano tout seul. Et au lieu d’utiliser
la pédale forte, il tape du pied ! Exercice auquel s’adonnent les jeunes
artistes de la troupe qui revisitent à l’aide d’arrangements acoustiques une
vingtaine de morceaux, où jaillit la plume engagée de l’anarchiste. Opposé à
toute forme d’autorité, Brassens regarde en face le pardon et la mort ( le
Fossoyeur, le Fantôme…) à travers des personnages vils,
mesquins, poètes ou philosophes qui prennent vie sur scène.
« Dans Grand-Père (1957), il parle d’une famille endeuillée et
sans le sou. Du coup, le curé et le croque-mort lui claquent la porte au nez.
Sur scène, la chanteuse distribue des coups de pied au cul ! Chez Brassens, le
comique était déjà là. Et nous, on interroge son œuvre avec la même insolence
qu’au théâtre », se félicite Serge Hureau. Chanter le Paris de
Brassens, c’est aussi se remémorer la bicoque aux rideaux de dentelle du 9,
impasse Florimont, où il vécut « avec une femme de plus de trente ans que
lui, avec son mari sous le toit, c’est la fameuse couturière Jeanne Le Bonniec.
Il rachète cette maison dans les années 1960. Alors célèbre, il y fait
mettre l’eau et l’électricité ».
L’amour de la poésie au collège
Le Hall de la chanson produit aussi le Prof de Brassens donné
dans des collèges d’île-de-France. Escorté par le guitariste Alban Losseroy, le
chanteur et comédien Olivier Hussenet y dévoile le rôle essentiel qu’a joué le
professeur de français, Alphonse Bonnafé dans la carrière du poète. « C’est
lui qui lui transmet son amour de la poésie en classe de 3 e, note Serge
Hureau. Avec son gramophone, il fait écouter à ses élèves l’Invitation
au voyage de Baudelaire. Il met ses mains sur son visage, les retire à
la fin et pleure en leur disant “la poésie, c’est ça” ! »
Et Brassens se danse aussi ! Pour swinguer sur ses musiques, rendez-vous
aux bals gratuits « modernes-trad » organisés ce dimanche 3 octobre dans
le parc parisien qui porte son nom (15 e), et le 22 octobre sur l’esplanade
de la mairie du 14 e arrondissement. Jazz, tarentelles,
sardanes… Brassens est aussi pétri de tout ça !
Ingrid Pohu
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