Nous portons tous la marque d’épouvante du 13 Novembre, comme trace
inaliénable d’une épreuve collective traumatisante et durable. Mais ils
n’auront pas notre haine… Ce 8 septembre, date charnière pour l’Histoire,
s’ouvre donc le procès hors norme des attaques terroristes de masse qui
frappèrent Paris et Saint-Denis, en 2015. L’État de droit aura les derniers
mots, qui ne seront pas brefs. Vingt accusés, dont treize membres de la cellule
djihadiste responsable de l’opération, répondront durant neuf mois de leurs
actes, qui ont causé la mort de 130 personnes et blessé des centaines
d’autres durant les trois heures de tuerie au Stade de France, au Bataclan et
aux terrasses des cafés environnants. Le seul membre du commando encore en vie,
Salah Abdeslam, sera présent dans le box. Si juger consiste aussi à essayer de
« comprendre », que peut-on attendre de lui, tragique maillon d’un fanatisme
absolu et bras armé d’un complot ourdi par Daech ? Et quelle sera son attitude
face aux témoignages des 1 780 personnes qui se sont constituées partie
civile ?
La justice, toute la justice, rien que la justice : à hauteur de tout ce
qui constitue notre République, voilà ce que nous attendons de cet événement
judiciaire préparé à la mesure du choc infligé à notre pays par cette nuit
noire de barbarie. Œuvre cathartique, de mémoire et de deuil, ce temps de la
raison s’annonce émouvant et éprouvant, mais indispensable pour que la société
tout entière tente d’y puiser le meilleur, comme lors du procès des attentats
contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Défi immense en
vérité.
N’oublions rien. Dans un
contexte d’ultra-droitisation et de dérives sécuritaires en tout genre depuis
des années, notre démocratie se trouve au bord du gouffre. Le combat contre
l’abîme du terrorisme nous unit, bien sûr, d’autant que le « 11 Septembre
français » a transformé nos vies. Mais nombre d’idéologues odieux continuent de
fragmenter la République jusqu’à sa négation même et ces derniers ne manqueront
pas, en pleine campagne présidentielle, d’instrumentaliser le procès des
attentats. L’impérieux devoir de justice, c’est précisément tout le contraire
de la haine.
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