L’aigle, le dragon et la chauve-souris. Cela pourrait être le titre d’une
fable qui raconterait comment un aigle imposant, qui depuis des années dominait
le ciel, fut bien marri quand un dragon vint s’installer dans la région. Affamé
et en quête de nourriture, le dragon empiétait toujours plus sur ce que l’aigle
considérait comme son territoire de chasse. Incapable de l’évincer du ciel,
l’aigle accusa le dragon de répandre la peste afin que les autres oiseaux
s’unissent contre lui.
Et la chauve-souris dans cette histoire ? C’est la bestiole étudiée par
l’Institut Pasteur du Laos qui flanque le plan de l’aigle par terre. Dans une
récente étude, les chercheurs de cette institution ont identifié trois virus,
avec des similitudes génomiques au Sars-CoV-2, chez des chauves-souris vivant
dans le nord du Laos. Après différents tests, ils sont arrivés à la conclusion
que l’hypothèse selon laquelle le virus du Covid-19 pourrait venir de ce type
de chauve-souris est plus que probable. On peut donc penser que le dragon
chinois ne dissimule pas d’ « informations cruciales sur les origines
de la pandémie », contrairement à ce qu’affirmait l’aigle américain,
il y a encore un mois.
Cette présomption de
culpabilité savamment orchestrée par le pouvoir états-unien vis-à-vis de la
Chine n’est qu’une des facettes de la stratégie de Washington pour tenter de
contenir Pékin. Dans la guerre à l’hégémonie mondiale que se livrent les deux
puissances, tous les coups sont permis, comme vient de le prouver l’épisode du
contrat des sous-marins avec l’Australie. C’est une chauve-souris qui
vient rappeler à la France et à l’Europe la leçon australienne : la politique
étrangère américaine est au service exclusif des intérêts des États-Unis, de
même que leurs alliances militaires, à commencer par l’Alliance atlantique.
Alors, à quand une Europe émancipée de l’Otan et des États-Unis, qui, comme le
prouve la chauve-souris du Laos, sont loin d’être nos indéfectibles alliés ?
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