Avec le Covid-19, un drame peut en cacher un autre. C’est, en tout cas,
l’inquiétude exprimée par les chercheurs et médecins du monde entier qui
mesurent, chaque jour un peu plus, l’ampleur prise par l’épidémie de « Covid
longs ». Le 12 août, l’Organisation mondiale de la santé a annoncé le
lancement d’une étude internationale sur cette affection longue durée qui
concernerait au minimum 10 % des malades (soit 20 millions de personnes
dans le monde). Elle parle désormais d’une « crise sanitaire mondiale
émergente ». Espérons que l’initiative serve d’électrochoc. Et finisse
de convaincre les pouvoirs publics qu’il y a urgence à agir pour faire de cette
maladie potentiellement invalidante un enjeu de santé public majeur.
Certains pays semblent avoir pris la mesure de ce nouveau défi, finançant
déjà recherche et prise en charge des malades. Mais d’autres ont du retard à
l’allumage, à l’instar du gouvernement français, dont tout semble indiquer
qu’il rejoue ici l’épisode désastreux des masques. Les témoignages que nous
avons recueillis sont éloquents. Ils montrent combien le Covid long reste une
maladie complexe, à l’issue incertaine et aux symptômes violents et multiples.
Mal diagnostiquée, elle plonge nombre de patients dans une errance médicale où
se cumulent souffrances physiques, non-prise en charge et, parfois, perte
d’emploi. Une véritable bombe à retardement qui concerne actuellement, au bas
mot, 600 000 malades…
Le 17 février, les
députés ont voté à l’unanimité une maigre résolution. Elle « appelle » le
gouvernement à reconnaître et à prendre en charge les complications à long
terme du coronavirus. Six mois plus tard, rien de bien sérieux n’a émergé sur
le plan législatif. Au grand dam des associations de malades, le Covid long
n’est toujours pas considéré comme une affection longue durée. Et aucun
parcours de soins coordonné n’a encore été organisé. Actuellement, il n’est
reconnu comme maladie professionnelle que pour les soignants confrontés à des
séquelles respiratoires. Les (nombreux) autres symptômes, tout comme les autres
professions, ne sont pas concernés… Une nouvelle démonstration d’inertie
inacceptable pour les malades. Et dont le gouvernement ne semble pas mesurer
les séquelles.
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