jeudi 19 août 2021

« Retard », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



Avec le Covid-19, un drame peut en cacher un autre. C’est, en tout cas, l’inquiétude exprimée par les chercheurs et médecins du monde entier qui mesurent, chaque jour un peu plus, l’ampleur prise par l’épidémie de « Covid longs ». Le 12 août, l’Organisation mondiale de la santé a annoncé le lancement d’une étude internationale sur cette affection longue durée qui concernerait au minimum 10 % des malades (soit 20 millions de personnes dans le monde). Elle parle désormais d’une « crise sanitaire mondiale émergente ». Espérons que l’initiative serve d’électrochoc. Et finisse de convaincre les pouvoirs publics qu’il y a urgence à agir pour faire de cette maladie potentiellement invalidante un enjeu de santé public majeur.

Certains pays semblent avoir pris la mesure de ce nouveau défi, finançant déjà recherche et prise en charge des malades. Mais d’autres ont du retard à l’allumage, à l’instar du gouvernement français, dont tout semble indiquer qu’il rejoue ici l’épisode désastreux des masques. Les témoignages que nous avons recueillis sont éloquents. Ils montrent combien le Covid long reste une maladie complexe, à l’issue incertaine et aux symptômes violents et multiples. Mal diagnostiquée, elle plonge nombre de patients dans une errance médicale où se cumulent souffrances physiques, non-prise en charge et, parfois, perte d’emploi. Une véritable bombe à retardement qui concerne actuellement, au bas mot, 600 000 malades…

Le 17 février, les députés ont voté à l’unanimité une maigre résolution. Elle « appelle » le gouvernement à reconnaître et à prendre en charge les complications à long terme du coronavirus. Six mois plus tard, rien de bien sérieux n’a émergé sur le plan législatif. Au grand dam des associations de malades, le Covid long n’est toujours pas considéré comme une affection longue durée. Et aucun parcours de soins coordonné n’a encore été organisé. Actuellement, il n’est reconnu comme maladie professionnelle que pour les soignants confrontés à des séquelles respiratoires. Les (nombreux) autres symptômes, tout comme les autres professions, ne sont pas concernés… Une nouvelle démonstration d’inertie inacceptable pour les malades. Et dont le gouvernement ne semble pas mesurer les séquelles. 

 

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