Avec leurs armes, les talibans posent fièrement dans le palais présidentiel
de Kaboul. L’image est symbolique. Vingt ans après leur chute, les voici de
nouveau maîtres du pays. En l’espace de quelques semaines, l’État afghan a
complètement disparu. Son effondrement prévisible n’en demeure pas moins
inquiétant pour les populations. À Kaboul, la panique a gagné les jeunes et les
femmes. La terreur de l’Émirat islamiste de 1996 à 2001, que la plupart n’ont
pas connu, reste le pire des cauchemars. Elle a provoqué des scènes glaçantes à
l’aéroport situé à quelques kilomètres de la capitale. Des gens s’agrippant aux
passerelles des avions qui décollent pour s’échapper et qui chutent dans le
vide.
L’échec est retentissant pour les États-Unis et son président, Joe Biden,
accusé de « trahison » par certains médias. Sa responsabilité s’avère
largement partagée par les administrations successives depuis George W. Bush.
En 2001, au nom de la « guerre contre le terrorisme », Washington
et les puissances atlantistes, dont la France, avaient décrété l’intervention
en Afghanistan pour « attaquer les forces militaires du régime
taliban ». Instaurer la démocratie par la force et l’occupation était alors
défendu au nom du remodelage du « Grand Moyen-Orient ». Malgré
d’imposants effectifs militaires, une partie de la population n’a cessé
d’assimiler leurs troupes davantage à des envahisseurs qu’à des libérateurs.
Encore récemment, les rapports de la Mission d’assistance des Nations unies en
Afghanistan confirmaient que la majorité des victimes civiles ont été tuées par
les opérations aériennes des armées afghane et américaine.
« Une véritable
débâcle » pour l’Otan et ses alliés, a résumé lundi Armin Laschet, le dauphin
d’Angela Merkel. À la différence que, pour les chancelleries occidentales, la
fuite reste une possibilité. Si cet État corrompu et sans soutien ne pouvait
plus tenir, les Afghans, les progressistes, les femmes, les jeunes restent,
eux, seuls à combattre. Ils ont l’habitude de ce « Grand Jeu » depuis des
siècles.
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