Boostés par des
résultats inespérés, les indices boursiers s’envolent. Surfant sur la reprise,
après avoir sabré l’emploi, les groupes du CAC 40 vendent leurs actions à prix
d’or.
Le CAC 40, indice phare de la Bourse parisienne, n’en finit plus de
grimper. Après avoir retrouvé son niveau d’avant-crise en treize mois, à
6 100 points, il atteignait son plus haut niveau enregistré depuis septembre
2000. Passant la barre des 6 700 points, le CAC 40 se rapproche désormais de
plus en plus de son record historique (6 922 points). Et les menaces de
quatrième vague ne semblent pas altérer le moral des boursicoteurs, rassurés
encore et toujours par l’arsenal massif déployé par les gouvernements et les
banques centrales. Fin juillet, la Fed (banque centrale américaine) avait
d’ailleurs dissipé les doutes en annonçant le maintien de sa politique
monétaire accommodante. Soit la poursuite de son programme de
120 milliards de dollars de rachat d’actifs par mois et le maintien de son
taux directeur dans la fourchette de 0 à 0,25 %.
Cette euphorie s’explique par les résultats affichés par les
multinationales composant l’indice. En effet, ces publications gonflent le prix
des actions puisqu’elles laissent espérer de somptueux dividendes. Le bénéfice
net par action (BNPA) des entreprises européennes a bondi de 159 % sur un
an au deuxième trimestre. Par ailleurs, la BCE a décidé de « ne pas
prolonger au-delà du mois de septembre 2021 sa recommandation aux banques
de limiter les dividendes ».
Un bénéfice net de 3,996 milliards d’euros pour l’assureur Axa
La croissance du chiffre d’affaires des 33 entreprises ayant déjà publié
leurs résultats est en moyenne de 20 % sur un an, à données comparables.
Certes, les entreprises du CAC 40 ne reflètent généralement pas les
performances de l’économie nationale. Mais cette évolution à deux chiffres
interroge, alors que le rebond de l’économie n’est que de 5 % dans son
ensemble, et que le retour à la normale d’avant-crise n’est pas attendu avant
le printemps 2022.
Bref, les résultats sont supérieurs aux attentes, faisant oublier les
inquiétudes vis-à-vis du variant Delta. Assurances, banques, pharmacies,
services mais aussi industries enregistrent des retours en force. Le géant
français de l’assurance Axa a même effacé de ses comptes les signes de la crise
sanitaire. Avec un bénéfice net de 3,996 milliards d’euros au cours du
premier semestre 2021, l’assureur l’a multiplié quasiment par trois par rapport
à l’an dernier à la même époque ; mais, surtout, ce dernier a augmenté de 71 %
par rapport à la même période en 2019, avant le début de la crise sanitaire. Et
ce malgré les litiges entre l’assureur et les restaurateurs qui se sont
multipliés depuis le début de la pandémie. Les mesures Covid-19 ont ainsi grevé
les comptes de 1,5 milliard d’euros, dont 400 millions pour les
restaurateurs.
Des résultats dûs à la reprise et à des restructurations drastiques
Hier, c’était cette fois la Société générale qui affichait un résultat net
en hausse de 13,5 %, à 2,65 milliards d’euros, au titre du premier
semestre 2021, contre les 10 % attendus par les places financières. De son
côté, la BNP, plus grosse banque du Vieux Continent, a gagné 2,9 milliards
d’euros au deuxième trimestre, soit le meilleur trimestre de son histoire. De
bons résultats qui s’expliquent par la baisse des sommes provisionnées par la
banque pour faire face aux risques de défaut de ses emprunteurs.
La reprise de l’activité réussit aussi aux géants de l’industrie.
TotalEnergies, ArcelorMittal, Saint-Gobain ou encore Renault et Airbus ont
également redressé leurs comptes. Le groupe au losange, qui avait essuyé des
pertes record de 8 milliards d’euros en 2020, a renoué avec les bénéfices
au premier semestre (368 millions d’euros).
Ces résultats sont le
produit de la reprise, mais aussi et surtout de restructurations drastiques. À
l’instar du constructeur, dont le nouveau PDG se félicitait de la réussite de
son plan « axé sur la rentabilité », qui, d’après lui, « commence
à porter ses fruits ». Depuis 2019, Renault a déjà réduit ses « coûts » de
1,8 milliard d’euros. Et envisage de supprimer d’ici à la fin de l’année
14 700 postes, dont 4 700 en France. Idem pour la Société générale, qui fin
novembre annonçait la suppression de 640 emplois en France, principalement dans
sa banque de financement et d’investissement.
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