Le sursaut civique va-t-il avoir lieu ? Après un premier tour de scrutin
marqué par une abstention historique, chacun lorgne avec inquiétude ce
dimanche, espérant un réveil citoyen. En 2015, il avait eu lieu dans une
certaine mesure. Cette fois, les sondages n’invitent pas à l’optimisme. À en
croire leur dernière livraison, seuls 36 % des Français auraient
l’intention d’aller voter pour ce second tour des élections régionales et
départementales. À peine mieux que la semaine précédente (33,3 %). Sans
verser dans la prophétie auto-réalisatrice, il est à craindre que la gifle
démocratique se réitère. Avec tous les risques que cette désertion citoyenne
fait peser sur les milieux populaires.
Car, il faut le rappeler, l’abstention pénalise avant tout les Français les
moins favorisés. Qui s’est abstenu massivement dimanche dernier ? Les jeunes
entre 18 et 34 ans – dont les votes se portent traditionnellement plutôt à
gauche – et les catégories les plus pauvres, ceux qui gagnent moins de
900 euros par mois. Ce sont ceux qui gagnent le moins qui s’abstiennent le
plus, laissant involontairement aux plus aisés le soin de désigner des
candidats qui leur sont favorables. Résultat ? Les inégalités se creusent, tout
comme le désarroi des précaires, qui, précisément, fuient déjà les urnes faute
de voir changer leur quotidien…
Briser cette logique
mortifère passe par une remobilisation des électeurs de gauche ce dimanche.
Elle est essentielle pour faire barrage au RN, dont une victoire – en Paca ou
ailleurs – effacerait la contre-performance du premier tour et servirait de
tremplin à la présidentielle. Elle est également indispensable pour contrer
l’invraisemblable entreprise de diabolisation que la droite mène contre les
candidats de gauche. En Île-de-France, Valérie Pécresse, bégayant le
vocabulaire frontiste, va jusqu’à taxer le rassemblement EELV-PS-FI d’ « ennemi
de la République », sans piper mot de l’extrême droite, dont elle espère
siphonner les voix. Ce brouillage des repères, destiné à décourager le vote de
gauche, est du carburant pour l’abstention. Une stratégie cynique et
irresponsable à déjouer d’urgence dans les urnes.
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