La séquence est décidément mauvaise pour le président de la République. Après les claques des élections régionales, qui ont vu l’échec des listes conduites par des ministres, voilà qu’Emmanuel Macron se prend une nouvelle gifle. Le Conseil d’État a annoncé qu’il suspendait la réforme de l’assurance-chômage. En raison de « l’incertitude économique liée à la crise sanitaire », le nouveau système pénaliserait de « manière significative » les salariés qui « subissent plus qu’ils ne choisissent l’alternance entre périodes de travail et périodes d’inactivité », précise l’institution. Certes, les motifs de la suspension ne sont pas révolutionnaires, et cela « ne remet pas en cause le principe de la réforme elle-même ». Mais c’est indéniablement une victoire pour les intermittents de l’emploi et les syndicats. Des estimations montraient, en effet, qu’elle aurait entraîné des baisses importantes des allocations-chômage pour des millions de personnes.
Pour le gouvernement, le coup est rude, même si la ministre du
Travail, Élisabeth Borne, minimise la portée de la décision. Plus
qu’économiquement, c’est politiquement que la suspension fait mal car
l’exécutif voulait faire une triple démonstration. D’abord, celle de sa
détermination à mener jusqu’au bout les « réformes » annoncées. Ensuite, la
preuve de la normalisation de la situation sanitaire et économique en France.
Enfin, plus que les milliards d’euros d’économies prévus, ce qui motive le
pouvoir, c’est de donner des gages aux institutions européennes et aux marchés
quant à sa volonté de remettre l’austérité à l’ordre du jour.
Cette première victoire
permet à des millions de salariés de gagner un répit avant que leurs droits soient
recalculés. Le Conseil d’État annonce en effet que les recours « au fond »
seront jugés d’ici quelques mois. Autant de temps accordé aux syndicats pour
tenter de faire grandir la mobilisation, gagner le retrait définitif et ne pas
être à la merci d’une décision de justice.
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