Les Français se décideront – ils contre toute attente à se rendre aux bureaux
de vote, dimanche ? C’est la seule clé pour empêcher le Rassemblement national
de sortir vainqueur des élections régionales et –même si le risque y est
moindre – des départementales. L’enjeu est double. Il s’agit d’abord de
faire résolument barrage à la conquête par le RN d’une ou de plusieurs régions,
succès qui lui offrirait un tremplin pour la présidentielle de 2022 et
soumettrait pour six ans des millions de Français aux choix xénophobes, ultralibéraux
et autoritaires de ce parti. Un cauchemar inédit dans notre pays depuis 1945,
et un coup de massue pour les classes populaires. Celles-ci ont besoin de
majorités de gauche en soutien à leurs luttes, porteuses de solutions qui les
rassemblent, et non de divisions et de haine.
Une mobilisation forte des électeurs dès le premier tour en faveur de
listes de gauche donnerait les meilleures assurances de construire une digue
solide contre l’extrême droite, plutôt que de s’en remettre à un hypothétique
« front républicain » au second tour, opération de la dernière chance sans
doute nécessaire mais aussi invulnérable que la ligne Maginot. L’enjeu ne se
limite pas non plus à empêcher l’extrême droite de rafler la présidence de
régions. Il est aussi d’éviter que le parti de Marine Le Pen accroisse son
poids dans les hémicycles. La tête de liste RN en Nouvelle-Aquitaine ne s’en
cache pas : « Soit on gagne la région, soit on devient la première
force d’opposition. Dans les deux cas, on a gagné. »
C’est ce scénario qu’il
faut faire dérailler. Les ressources existent. Les indécis se recrutent d’abord
à gauche, quand les électeurs RN sont les plus certains d’aller voter. Mais,
pour convaincre, il faut démontrer l’utilité du bulletin de vote sur la
résolution des problèmes du quotidien, au-delà de l’appel à battre l’extrême
droite. Et au-delà des faux-semblants sur la sécurité et l’immigration,
épouvantails agités loin des compétences réelles des régions.
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