À l’occasion du festival
l’Onde de coop, à Pantin, neuf coopératives décident de former les Licoornes
pour promouvoir une autre façon de consommer. Entretien.
JÉRÔME DU BOUCHER, Coordinateur
du projet des Licoornes au sein du Collectif pour une transition citoyenne
Certaines sont déjà connues, importantes, d’autres émergentes. Neuf
coopératives balisant une bonne partie du quotidien (transport, numérique,
énergie, réemploi, alimentation) annoncent vendredi, au festival l’Onde de
coop, à Pantin, la création des Licoornes, sorte de contre-modèle des start-up
capitalistes.
Quel objectif se sont fixé Citiz, Mobicoop, Commown, Enercoop, la Nef,
TeleCoop, CoopCircuits, RailCoop et Label Emmaüs en créant cette sorte de
label ?
Jérôme du Boucher : C’est une alliance qui a vocation à donner de
la visibilité au contre-modèle que sont les sociétés coopératives d’intérêt
collectif (Scic), afin de mobiliser les citoyens engagés dans la transition
écologique et sociale. Nous sommes convaincus que notre modèle doit devenir la
norme. Mais, pour cela, il faut aussi que nos coopératives jouent leur partie
en donnant de la visibilité à leurs services et offres. Les Licoornes nous
servent aussi à mettre en commun certaines ressources pour faire système.
Comment s’organise une société coopérative d’intérêt collectif ?
Jérôme du Boucher : C’est une entreprise commerciale qui défend
l’intérêt collectif, car elle associe à sa gestion les différentes parties
prenantes du bien ou du service qu’elle produit. Les salariés, les producteurs,
les consommateurs y ont leur place, tout comme des associations ou des
collectivités locales, car il s’agit d’une coopérative multi-sociétariat. La
stratégie d’entreprise relève d’un compromis de toutes ces composantes qui
peuvent avoir des intérêts divergents. La Scic est au service de l’intérêt de
tous.
Quels autres points communs ces sociétés fédèrent-elles ?
Jérôme du Boucher : Les Licoornes sont positionnées sur des
secteurs clés de la transition écologique, sociale et solidaire : l’énergie, la
consommation, la mobilité, le numérique… À l’intérieur même de leur modèle
économique se trouvent des solutions pour plus de sobriété, de démocratie, de
solidarité. La manière de commercer elle-même est une réponse à ces enjeux
écologiques. Et elles sont toutes non lucratives.
Ces Licoornes peuvent-elles concurrencer les « licornes », ces start-up
valorisées à plus d’un milliard de dollars ?
Jérôme du Boucher : Nous, Licoornes, revendiquons les actions
transformatrices de l’économie sociale et solidaire. Nous ne sommes pas
marginales. Nos coopératives s’engagent dans le secteur marchand en
contre-modèle. Pour l’instant, nous n’envisageons pas de concurrencer les
licornes. Car celles-ci ne sont pas seulement des grandes entreprises. Elles
sont adossées à tout un système économique, politique, social. Pour prétendre
concurrencer ces multinationales, il faudra associer à cette dynamique d’autres
types d’acteurs, des responsables politiques, syndicaux, de la société civile…
Ne craignez-vous pas que vos coopératives, qui regroupent autour de
350 000 clients, restent cantonnées à un public déjà convaincu ?
Jérôme du Boucher :
Dans un premier temps, on a envie de toucher les personnes très conscientes des
enjeux climatiques, sociaux. Généralement, ces personnes entrent dans le monde
coopératif par un secteur, une préoccupation. Une personne qui cherche, par
exemple à ce que son épargne ne serve pas à financer une entreprise polluante
va s’adresser à la Nef. Les Licoornes lui signifieront qu’elle peut faire de
même dans d’autres secteurs grâce à d’autres coopératives.
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