Le meurtre d’Audrey Adam, assistante sociale de 36 ans attachée au
pôle des solidarités du département de l’Aube, par un homme de 83 ans
qu’elle accompagnait dans sa perte progressive d’autonomie, est un drame
affreux dont il appartient aux enquêteurs de connaître les circonstances. C’est
aussi une expression tragique des fractures de notre société et des difficultés
auxquelles celles et ceux qui les vivent au quotidien sont confrontés. Une
pétition avec des dizaines de milliers de signatures circule qui demande au
gouvernement un hommage à Audrey Adam et une reconnaissance de leur travail et
de leur engagement.
« Un pognon de dingue ! » On se souvient des mots
d’Emmanuel Macron à propos du coût des aides sociales. Les travailleuses et
travailleurs sociaux doivent le savoir. Celles et ceux qu’ils accompagnent sont
un coût et donc elles et eux en sont un, avec des salaires à 1 400 euros
et des conditions de travail de plus en plus dégradées. Lassitude,
découragement quand on a l’impression que les actions menées sont des gouttes
d’eau dans un océan de précarité, de mal-vivre, voire de détresse, peur quand
la violence mine les rapports humains.
Mais, à ces conditions
d’exercice d’un métier difficile, s’ajoute une pression idéologique et
politique à la mesure de la diffusion des thèmes de la droite et de l’extrême
droite, y compris par le gouvernement et le président de la République. Les
chômeurs sont des assistés, les bénéficiaires du RSA ne veulent pas travailler,
les jeunes des quartiers sont une menace… On a vécu au cours des dernières
décennies un véritable renversement de points de vue. Les victimes des
inégalités en sont devenues les responsables. On a transformé les problèmes
sociaux en fautes individuelles. Comment en serait-il autrement quand il
suffit, encore des mots du président, de « traverser la rue pour
trouver un travail ». Le drame de l’Aube appelle un hommage à Audrey
Adam et, au-delà et durablement, une tout autre prise en compte du travail
social au service du bien public.
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