Les premiers résultats
de Parcoursup sont publiés ce jeudi soir. Les associations réactivent le
dispositif SOS Inscription, avec la crainte que les recalés soient plus
nombreux qu’en 2020.
Plus de 93 000 jeunes bacheliers sont restés sans affectation en 2020,
à la suite de la première phase d’admission de Parcoursup. Et « cette
année il risque d’y avoir encore plus de dé gâts », confie
Mélanie Luce, la présidente de l’Union nationale des étudiants de
France (Unef). Autant dire que SOS Inscription, le dispositif d’aide aux
néobacheliers que le syndicat et ses partenaires ont créé voilà cinq ans, ne
risque pas de chômer. Et cela dès ce jeudi soir, où tomberont les premières
réponses aux vœux formulés par les jeunes sur la plateforme Parcoursup.
Les conditions de passation du bac après une année chaotique, le passage de
la plupart des matières en contrôle continu et la prise en compte, par les
jurys, des difficultés scolaires accentuées par la crise : tout devrait
concourir à des taux de réussite à l’examen exceptionnels. Pour mémoire, l’an
dernier, 95,7 % des candidats avaient obtenu leur diplôme. Un afflux que,
faute de moyens adéquats, les établissements d’enseignement supérieur avaient
eu les plus grandes difficultés à absorber. « Les jeunes subissent leur
orientation plutôt que de la vivre » constate Mathieu Devlaminck,
président de l’Union nationale des lycéens (UNL), partie prenante de SOS
Inscription.
« L’égalité républicaine est en train d’être brisée »
« La réforme Blanquer a accentué le tri social en fonction des lycées », dénonce le jeune
homme. Certains établissements, en particulier parmi les plus prestigieux, sont
restés en présentiel. Une caractéristique qui risque de favoriser encore plus,
dans Parcoursup, le tri en fonction du lycée d’origine. Sur ce point, le fossé
entre le privé et le public devrait s’agrandir, au détriment de l’égalité des
chances. « Sans réponse et au vu de la sélection, de plus en plus
d’étudiants se tournent vers des écoles privées avec un diplôme non reconnu ou
font le choix d’arrêter leurs études », décrypte le président de
l’UNL.
Facteur aggravant : pour ceux qui ont réussi à intégrer le supérieur l’an
dernier, l’année n’a pas été facile. La précarité s’est accrue avec l’arrêt de
l’activité économique. Les suicides et les files d’attente dans les
associations d’aide alimentaire témoignent de leur détresse. Et selon les
chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, le taux de réussite aux
examens du premier semestre a chuté de 3 %. « À la Sorbonne, un
étudiant sur trois dit avoir décroché scolairement », rapporte la
présidente de l’Unef. Des chiffres alarmants qui annoncent des redoublements
plus importants et font craindre à l’équipe de SOS Inscription « de
grandes difficultés à l’entrée dans l’enseignement supérieur ». Pour
Mathieu Devlaminck, « l’égalité républicaine est en train d’être
brisée. »
Dès ce soir, les jeunes pourront solliciter SOS Inscription. Une hotline
téléphonique est mise en place pour leur expliquer les procédures, les aider
dans leurs démarches et pour chercher avec eux des solutions d’inscription
alternatives. Un formulaire de suivi quotidien et une plateforme d’information
sont également mis à leur disposition. « On négocie avec les différents
établissements pour trouver des places disponibles » explique Mélanie
Luce.
Les étudiants restés sur
le carreau ont la possibilité de déposer des recours juridiques grâce à la
participation du Syndicat des avocats de France. Le dispositif met également à
la disposition des jeunes un accompagnement médical. « Un étudiant sur
trois se dit en détresse psychologique », confie Abdoulaye Diarra,
président de l’association Rêves jeunes. « Si la pandémie s’arrête,
ajoute le jeune homme, il n’est pas évident que les problématiques de
soin se stoppent également. »
Premières annonces pour le grenelle de l’éducation
Mercredi soir, Jean-Michel Blanquer a
présenté « les conclusions et les perspectives des travaux du
Grenelle » de l’éducation. Ce grand raout, étalé entre novembre 2020
et janvier 2021, avait pour mission de penser le futur du métier d’enseignant
et du système éducatif. Au final, l’un des principaux enjeux, annoncé par le
ministre de l’Éducation lui-même, risque de tourner autour de la revalorisation
des profs, maintes fois annoncée, et… de ce qui risque de leur être demandé en
échange. Secrétaire générale du Snes-FSU, Frédérique Rolet soulignait, le
25 mai, sur le site du Café pédagogique que le ministre « ne parle
plus de loi de programmation » en matière de revalorisation . Le
ministre de l’Éducation a annoncé que 700 millions d’euros seraient
consacrés en 2022 à diverses mesures de revalorisation. En revanche, les
risques de voir se développer des salaires « au mérite », des primes, au
détriment de l’avancement à l’ancienneté (qui a le défaut de coûter environ
350 millions d’euros par an), est réel. Le tout mâtiné de contraintes
nouvelles : remplacements en interne, évaluation et même embauches par les directions
d’établissement, renforcement du management local… « Derrière les
apparences, c’est bien une transformation en profondeur de nos métiers qui se
dessine », prévient le Snes.
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