jeudi 27 mai 2021

Éducation. L’année de tous les risques pour les bacheliers



Les premiers résultats de Parcoursup sont publiés ce jeudi soir. Les associations réactivent le dispositif SOS Inscription, avec la crainte que les recalés soient plus nombreux qu’en 2020.

Plus de 93 000 jeunes bacheliers sont restés sans affectation en 2020, à la suite de la première phase d’admission de Parcoursup. Et « cette année il risque d’y avoir encore plus de dé gâts », confie Mélanie Luce, la présidente de l’Union nationale des étudiants de France (Unef). Autant dire que SOS Inscription, le dispositif d’aide aux néobacheliers que le syndicat et ses partenaires ont créé voilà cinq ans, ne risque pas de chômer. Et cela dès ce jeudi soir, où tomberont les premières réponses aux vœux formulés par les jeunes sur la plateforme Parcoursup. 

Les conditions de passation du bac après une année chaotique, le passage de la plupart des matières en contrôle continu et la prise en compte, par les jurys, des difficultés scolaires accentuées par la crise : tout devrait concourir à des taux de réussite à l’examen exceptionnels. Pour mémoire, l’an dernier, 95,7 % des candidats avaient obtenu leur diplôme. Un afflux que, faute de moyens adéquats, les établissements d’enseignement supérieur avaient eu les plus grandes difficultés à absorber. « Les jeunes subissent leur orientation plutôt que de la vivre » constate Mathieu Devlaminck, président de l’Union nationale des lycéens (UNL), partie prenante de SOS Inscription.

« L’égalité républicaine est en train d’être brisée »

« La réforme Blanquer a accentué le tri social en fonction des lycées », dénonce le jeune homme. Certains établissements, en particulier parmi les plus prestigieux, sont restés en présentiel. Une caractéristique qui risque de favoriser encore plus, dans Parcoursup, le tri en fonction du lycée d’origine. Sur ce point, le fossé entre le privé et le public devrait s’agrandir, au détriment de l’égalité des chances. « Sans réponse et au vu de la sélection, de plus en plus d’étudiants se tournent vers des écoles privées avec un diplôme non reconnu ou font le choix d’arrêter leurs études », décrypte le président de l’UNL.

Facteur aggravant : pour ceux qui ont réussi à intégrer le supérieur l’an dernier, l’année n’a pas été facile. La précarité s’est accrue avec l’arrêt de l’activité économique. Les suicides et les files d’attente dans les associations d’aide alimentaire témoignent de leur détresse. Et selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, le taux de réussite aux examens du premier semestre a chuté de 3 %. « À la Sorbonne, un étudiant sur trois dit avoir décroché scolairement », rapporte la présidente de l’Unef. Des chiffres alarmants qui annoncent des redoublements plus importants et font craindre à l’équipe de SOS Inscription « de grandes difficultés à l’entrée dans l’enseignement supérieur ». Pour Mathieu Devlaminck, « l’égalité républicaine est en train d’être brisée. »

Dès ce soir, les jeunes pourront solliciter SOS Inscription. Une hotline téléphonique est mise en place pour leur expliquer les procédures, les aider dans leurs démarches et pour chercher avec eux des solutions d’inscription alternatives. Un formulaire de suivi quotidien et une plateforme d’information sont également mis à leur disposition. « On négocie avec les différents établissements pour trouver des places disponibles » explique Mélanie Luce.

Les étudiants restés sur le carreau ont la possibilité de déposer des recours juridiques grâce à la participation du Syndicat des avocats de France. Le dispositif met également à la disposition des jeunes un accompagnement médical. « Un étudiant sur trois se dit en détresse psychologique », confie Abdoulaye Diarra, président de l’association Rêves jeunes. « Si la pandémie s’arrête, ajoute le jeune homme, il n’est pas évident que les problématiques de soin se stoppent également. »

Premières annonces pour le grenelle de l’éducation

Mercredi soir, Jean-Michel Blanquer a présenté « les conclusions et les perspectives des travaux du Grenelle » de l’éducation. Ce grand raout, étalé entre novembre 2020 et janvier 2021, avait pour mission de penser le futur du métier d’enseignant et du système éducatif. Au final, l’un des principaux enjeux, annoncé par le ministre de l’Éducation lui-même, risque de tourner autour de la revalorisation des profs, maintes fois annoncée, et… de ce qui risque de leur être demandé en échange. Secrétaire générale du Snes-FSU, Frédérique Rolet soulignait, le 25 mai, sur le site du Café pédagogique que le ministre « ne parle plus de loi de programmation » en matière de revalorisation . Le ministre de l’Éducation a annoncé que 700 millions d’euros seraient consacrés en 2022 à diverses mesures de revalorisation. En revanche, les risques de voir se développer des salaires « au mérite », des primes, au détriment de l’avancement à l’ancienneté (qui a le défaut de coûter environ 350 millions d’euros par an), est réel. Le tout mâtiné de contraintes nouvelles : remplacements en interne, évaluation et même embauches par les directions d’établissement, renforcement du management local… « Derrière les apparences, c’est bien une transformation en profondeur de nos métiers qui se dessine », prévient le Snes.

 

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