La responsabilité de la droite, depuis le sarkozysme, est écrasante. Tant
de digues ont sauté, qu’une forme de « rassemblement » des droites extrêmes
n’est plus un fantasme, au moins par les urnes. Les trois droites, classées
jadis comme légitimiste, orléaniste et bonapartiste, peuvent maintenant se
décliner comme conservatrice, ordolibérale et poujado-identitaire, avec des
porosités d’idées si prégnantes qu’une grande part de l’électorat LR refuserait
désormais toute perspective de « front républicain » pour barrer la route au
lepénisme. Qui est prêt à reporter ses voix au second tour d’une présidentielle
sur Marine Le Pen, sinon cette partie croissante de la droite ?
Contrairement à ce qu’affirment tous les réactionnaires ayant table ouverte
dans l’espace médiacratique, le discours dominant ne valorise plus, depuis
longtemps, les valeurs républicaines fondamentales, la démocratie, l’humanisme
ou les progrès sociaux. Et un jour, ce glissement idéologique obscène s’achève
par la « tribune » offerte à l’ignoble Éric Zemmour, tous les soirs sur CNews,
véritable déversoir nationaliste abject, entre discours de haine et rabâchage
authentiquement d’extrême droite. Quand la banale dissémination des discours
débouche sur un confusionnisme rhétorique et doctrinal favorisant le pire…
Reste Emmanuel Macron,
qui s’accommode bien de la situation pour l’avoir accélérée. En vue de 2022,
nous connaissons son choix : le tête-à-tête avec Le Pen. Jusqu’à aujourd’hui,
sans doute pensait-il qu’il s’agissait de son assurance-vie, sa seule chance
d’être réélu. En quatre ans, de surenchères sécuritaires en
stigmatisations, il a même dressé une sorte de pont-levis avec l’extrême
droite. L’histoire retiendra qu’il aura mis en péril, lui aussi, la démocratie
et la République.
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