mercredi 28 avril 2021

« Profits meurtriers », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.

 


Ce n’est pas une nouveauté mais la pandémie l’expose au grand jour : l’industrie pharmaceutique se comporte comme le pire des fonds spéculatifs. Ce secteur a développé un business model qui lui permet de générer depuis des années des marges bénéficiaires astronomiques. La séquence « vaccins et Covid-19 » a permis simplement d’adapter la devise olympique « plus fort, plus vite, plus haut » au business des laboratoires. Alors, certes, il faut apprécier les efforts qui ont permis le développement et l’homologation de plusieurs vaccins en un temps record. Mais n’oublions pas que, jusqu’à la pandémie, les sociétés pharmaceutiques s’intéressaient de moins en moins aux traitements de maladies infectieuses qui touchent surtout les populations de pays pauvres. Au placard, donc, la recherche et le développement de vaccins. La priorité, c’était les maladies « rentables » comme le cancer ou le diabète, dont le traitement peut s’étaler sur une longue période et que les malades des pays riches peuvent payer. Sans cette logique, un vaccin universel contre les coronavirus, qui ne sont pas une nouveauté, serait peut-être déjà au point.

Même lorsque l’épidémie a éclaté, le premier souci des entreprises pharmaceutiques a été de trouver des stratégies pour optimiser leurs marges bénéficiaires en faisant cofinancer leur recherche par de l’argent public tout en gardant la propriété exclusive des vaccins. Conséquences : aujourd’hui, des pans entiers de l’humanité sont privés de l’accès aux vaccins et meurent.

« Les aliments nécessaires à l’homme sont aussi sacrés que la vie elle-même. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriété commune à la société entière. » Ce principe posé par Robespierre est d’une actualité brûlante. La santé est un droit humain que les pouvoirs élus ont le devoir de protéger. S’il n’est pas garanti, ils doivent intervenir. En commençant par lever les brevets sur les vaccins pour qu’enfin cesse ce scandale de spéculer sur la maladie pour maximiser les profits.

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