Une désagréable impression de déjà-vu. Comme il y a un an, des millions de
parents d’élèves ont tenté de se connecter, hier matin, aux espaces numériques
des établissements scolaires pour démarrer cette semaine l’« école à la
maison ». Et, comme il y a un an, plantages et moulinage étaient au
rendez-vous. Dans au moins six académies, dont celles pléthoriques
d’Île-de-France, les serveurs n’ont pas tenu le choc. À l’autre bout de l’écran
blanc, le stress des enseignants et la colère des parents, déjà inquiets de
concilier cours et télétravail, sont montés d’un cran. Avec le sentiment
qu’aucune leçon n’a été tirée des bugs du printemps dernier. Et que le règne du
« démerdentiel » – expression en vogue – se poursuivait.
Face à ce énième loupé, Jean-Michel Blanquer tente, toute honte bue, de
diluer ses responsabilités avec un aplomb technocratique insupportable. Les
coupables ? Ils sont à chercher du côté des collectivités territoriales et de
leurs prestataires, voire de « hackers » qui s’en seraient pris au site du
Cned, resservant là la même excuse – infondée – que l’année dernière… Des
explications, fumeuses, qui n’exonèrent en rien le ministre de l’Éducation
nationale. C’est bien lui qui a prétendu que tout serait « prêt » pour un
nouvel épisode de distanciel. À l’évidence, tel n’est pas le cas. Et cette
désinvolture est dramatique.
On le sait, l’école à la
maison génère inégalités et décrochages. Essayer de contenir ces risques
méritait mieux que des promesses de Gascon. Au minimum, une anticipation de cet
afflux de connexions, ô combien prévisible. Mais aussi une mise à niveau des
outils fournis par le ministère, un plan de formation des professeurs moins
initiés au numérique… Rien de tout cela n’a été réellement
entrepris. Temps perdu. Et mépris pour cette jeunesse – notamment celle
des milieux défavorisés – qui sera la première à en faire les frais. La qualité
de cet enseignement à distance est désormais suspendue à la débrouillardise des
enseignants. À leur patience exemplaire et à celle des familles. Eux ont appris
depuis le début de la pandémie. On aurait pu espérer de leur ministre qu’il en
soit de même.
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