« Il est trop vert et bon pour des goujats. » On pourrait presque
paraphraser la fable de La Fontaine le Renard et les raisins, à
propos du vaccin russe Spoutnik. Comment lire autrement les déclarations du
commissaire européen Thierry Breton au cours du week-end, avec toutes les
allures d’un haussement d’épaules dédaigneux, assurant que non, décidément,
l’Europe n’en avait absolument pas besoin car nous avions 350 millions de
doses. Heureux de l’apprendre mais on aimerait savoir où.
L’Europe et la France sont bien mal placées pour donner des leçons au
monde. Ne parlons même pas d’Israël ou du Royaume-Uni, pour ne citer qu’eux,
mais voilà des semaines qu’on le claironne. C’est parti ! Le gouvernement avait
fait grand cas, il y a quinze jours, de quelque 200 000 vaccinations un
samedi. L’épisode AstraZeneca est venu doucher les enthousiasmes avant
l’annonce d’un nouveau départ en fanfare. Résultat : 200 000 personnes vaccinées
samedi, 50 000 dimanche. À ce rythme on vise 2024. Problèmes de
logistique, c’est évident, mais surtout la France et l’Europe, contrairement à
ce que dit Thierry Breton, manquent de doses et les retards de livraison
s’accumulent.
Alors, il faut sans
doute le dire. Non, l’inventeur du vaccin russe n’est pas Vladimir Poutine mais
une équipe de chercheurs dans un domaine que, dit-on, ils maîtrisent plutôt
bien. Dans un évident souci de géopolitique et de guerre économique, consistant
à tenir le président russe à distance, à tort ou à raison, l’Europe, en toute
irresponsabilité, a politisé la science avec une stratégie du soupçon à l’égard
d’un vaccin dont la fiabilité est aujourd’hui avérée et alors que les commandes
passées aux autres labos l’avaient été avant même la validation. On aurait
espéré, vu l’ampleur mondiale de la crise, des réponses mondiales, ou au moins
ouvertes à des coopérations entre nations, entre labos, en termes de recherche,
de production. En bref, une gestion à la hauteur de l’humanité. Le compte n’y
est pas, les vaccins non plus. Il s’agit de vies.
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