Jusqu’à quand ? La question se joue des
confinements et parcourt désormais le pays, lisible sur toutes les lèvres. Elle
porte en elle un mélange d’impatience, de désespoir et de lassitude, lourd de
danger pour l’avenir. Des plages désertées de Dunkerque aux calanques prises
d’assaut à Marseille, des quais de Seine débordant de promeneurs dans la
capitale aux chaises vides de la promenade des Anglais à Nice, nulle annonce,
nul horizon fragile tracé par un premier ministre qu’on ne semble même plus
entendre n’est en mesure de freiner la propagation du doute dans l’esprit de
citoyens tantôt inquiets, tantôt excédés face aux atermoiements de l’exécutif.
Ce doute s’abreuve aux nouvelles du front
de la pandémie. Vingt mille, puis vingt-cinq mille, et même plus de trente
mille contaminations par jour : tandis que la France vit depuis presque un an
au rythme de restrictions sanitaires ruinant toute vie sociale, le Covid et ses
variants semblent plus que jamais ruser avec les gestes barrières et autres
couvre-feux. Comme si toutes les mesures mises bout à bout échouaient à
empêcher l’emballement du virus, alors que c’est leur raison d’être et la seule
pour laquelle elles ont été supportées jusqu’ici. Bien sûr, ce constat
recèle sa part d’inexactitude : certainement, la contagion serait plus grande
encore sans ces restrictions, et la systématisation des tests, fausse les
comparaisons avec les périodes antérieures.
Il n’empêche : cette courbe qui repart à la hausse
éloigne toujours plus le « bout du tunnel », entretient le sentiment d’échec et
alimente une certaine cacophonie, faute de résultats tangibles à l’appui de la
stratégie du gouvernement. Faut-il reconfiner plus de territoires ? Ou jouer la
carte d’une vaccination de masse qui connaît pourtant des ratés ? La clé de la
sortie de crise, on le sait, se niche dans la solution à cette dernière
question. Celle-ci bute sur la propriété des brevets qui entrave la
production. La réponse de Jean Castex est désespérante : « Nous
dépendons de la fabrication et de la livraison des doses commandées par l’Union
européenne, et il nous faudra nous armer de patience. » Une denrée
dont la France commence aussi cruellement à manquer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire