Près de 150 marches pour
exiger une « vraie loi climat » se tiendront ce dimanche 28 mars , à
l'appel de 500 organisations. Fortement critiqué, le projet de loi du
gouvernement sera présenté le lendemain en séance publique de l’Assemblée
nationale.
Peut-on encore raccommoder le projet de loi climat et résilience ? ONG,
syndicats, partis de gauche, activistes de tout poil et autres membres de la
Convention citoyenne pour le climat (CCC) y croient, sans nourrir d’illusion :
la réparation ne s’obtiendra pas sans une certaine dose de pression.
Dimanche, à la veille de la présentation du texte en séance publique de
l’Assemblée nationale, plus de 150 marches se tiendront en France, à l’appel de
plus de 500
organisations. « C’est trois fois plus de structures que
celles qui avaient appelé à la marche du siècle pour le climat (qui
avait rassemblé autour de 350 000 personnes en mars 2019, NDLR) », souligne
Théo Rougier, du réseau d’activisme en ligne Maintenant où jamais, lequel
coordonne la mobilisation. Encore n’est-ce là que la partie la plus visible de
la programmation. France nature environnement s’est chargée de mettre en
ligne un dispositif d’interpellation des députés. Localement, des
rassemblements sont également prévus devant plusieurs de leurs permanences, de
même que quelques actions de désobéissance civile.
Les dernières restrictions sanitaires annoncées, qui limitent la jauge des
réunions publiques à un maximum de 6 personnes, n’empêcheront pas les
rendez-vous. « Ces mesures ne concernent pas le droit de manifester », insiste
Théo Rougier. Les marches s’élanceront comme convenu, derrière un mot d’ordre :
obtenir une vraie loi climat, en lieu et place du projet qui sera présenté ce
29 mars aux parlementaires.
25 % des amendements jugés irrecevables en Commission spéciale
Il a déjà plusieurs casseroles derrière lui. Remis le 10 février au
Conseil des ministres, il était censé reprendre « dans l’esprit « les
propositions formulées par les 150 membres de la CCC pour une transition
efficace dans un » esprit de justice sociale « : ces derniers ont finalement
attribué une note de 2,5 sur dix au gouvernement. Avant eux, le Conseil
économique, social et environnemental ou encore le Haut conseil pour le climat
avaient manifesté leur scepticisme, estimant que les mesures compilées dans le
texte ne seront pas à même de conduire à une réduction des émissions de gaz à
effet de serre de 40 % d’ici 2030, objectif essentiel de la lutte contre
le réchauffement que la France s’est engagée à tenir.
Avant de passer en séance plénière, enfin, le projet de loi Climat et
Résilience avait été transmis à une commission spéciale, chargée de le
peaufiner. Certains espéraient que les 71 députés qui la composaient rattrapent
le tir. Beaucoup ont tenté de le faire, dans les rangs de l’opposition, et même
dans ceux de la majorité. Plus de 5 000 amendements ont été déposés, pour
renforcer les 69 articles que compte le projet de loi et remettre en avant des
propositions de la CCC non retenues par le gouvernement. Rien n’y a fait.
Dès l’ouverture des débats, Laurence Maillart-Méhaignerie, députée LaREM d’Île et
Vilaine chargée de présider la Commission, avait prévenu : en vertu de
l’article 45 de la Constitution, les amendements n’ayant aucun lien avec
le projet ne seraient pas retenus. Cette interprétation stricte de ce qui
relève du « cavalier législatif » a conduit au final à ce qu’un quart de ceux
présentés ont été jugés irrecevables.
« Ce projet de loi climat n’impose aucune contrainte aux entreprises les
plus polluantes. »
La plupart visaient pourtant à introduire dans le texte des leviers
essentiels aux politiques climatiques, relève le Réseau action climat (RAC),
qui rassemble une quinzaine d’ONG environnementales. Le développement du
ferroviaire, par exemple. « Cette question était complètement absente
du projet présenté par le gouvernement. Elle l’est toujours de celui issu de la
Commission spéciale », relève ainsi Valentin Desfontaines, responsable
mobilités durables du RAC. « C’est une absurdité, lorsque l’on sait que
le train est un outil indispensable pour réduire les émissions de GES du
secteur du transport », lesquelles comptent toujours pour près de 30 %
des émissions nationales.
Même sort réservé aux propositions portant sur l’éco-responsabilité des
entreprises, souligne Alexandre Poidatz, d’Oxfam France. « Nous avons
là un projet de loi climat qui laisse de côté les entreprises les plus
polluantes, auxquelles nulle contrainte n’est imposée. » Cent députés,
dont 8 de LaREM, avaient pourtant déposé des amendements dans ce sens. « Tous
ont été déclarés irrecevables, considérés comme des cavaliers législatifs. »
Du PCF du Nord à EELV dans le Cher, plus de 60 structures politiques
locales appellent à marcher
La séance plénière permettra-t-elle de remettre la loi Climat sur la bonne
trajectoire ? « Plusieurs sujets paraissent d’ores et déjà
verrouillés », admet Meike Fink, responsable Transition climatique
juste du RAC. Des marges de manœuvre existent cependant pour les
parlementaires. « Cela peut permettre, a minima, de reposer
publiquement plusieurs débats. » La pression, surtout, va compter. La
journée de dimanche, en cela, sera déterminante.
D’Alternatiba à Zéro
Waste France, toutes les grandes ONG et autres réseaux écologistes ont bien
évidemment signé l’appel à se mobiliser, de même que les 150 membres de la CCC.
Ils ne sont pas les seuls. Côté syndicats, la FSU, Solidaires, l’Union
nationale lycéenne (UNL) ou encore plusieurs unions locales CGT en ont fait de
même. Les forces de gauches seront également sur le terrain, nationalement mais
aussi localement. Le PCF du Nord s’avère particulièrement mobilisé, qui appelle
à rejoindre les manifestations de Dunkerque, de Lille, de Hazebrouck, de Rosult
et de Valencienne. Les sections EELV d’Angoulême, du Cher ou encore de
l’Audomarois, la France insoumise Sud Ardèche, le PS Alpes Maritimes ou
Génération.s à Roubaix : au-delà des organes nationaux, plus de 60 structures
locales appellent à marcher dimanche. À Paris, enfin, de nombreuses
personnalités politiques, médiatiques ou du monde de l’art ont prévu de se
joindre au cortège.
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