dimanche 28 mars 2021

Mobilisations. Des marches partout en France contre l’irresponsabilité climatique



Marie-Noëlle Bertrand

Près de 150 marches pour exiger une « vraie loi climat » se tiendront ce dimanche 28 mars , à l'appel de 500 organisations. Fortement critiqué, le projet de loi du gouvernement sera présenté le lendemain en séance publique de l’Assemblée nationale.

Peut-on encore raccommoder le projet de loi climat et résilience ? ONG, syndicats, partis de gauche, activistes de tout poil et autres membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) y croient, sans nourrir d’illusion : la réparation ne s’obtiendra pas sans une certaine dose de pression.

Dimanche, à la veille de la présentation du texte en séance publique de l’Assemblée nationale, plus de 150 marches se tiendront en France, à l’appel de plus de 500 organisations« C’est trois fois plus de structures que celles qui avaient appelé à la marche du siècle pour le climat (qui avait rassemblé autour de 350 000 personnes en mars 2019, NDLR) », souligne Théo Rougier, du réseau d’activisme en ligne Maintenant où jamais, lequel coordonne la mobilisation. Encore n’est-ce là que la partie la plus visible de la programmation. France nature environnement s’est chargée de mettre en ligne  un dispositif d’interpellation des députés. Localement, des rassemblements sont également prévus devant plusieurs de leurs permanences, de même que quelques actions de désobéissance civile.

Les dernières restrictions sanitaires annoncées, qui limitent la jauge des réunions publiques à un maximum de 6 personnes, n’empêcheront pas les rendez-vous. « Ces mesures ne concernent pas le droit de manifester », insiste Théo Rougier. Les marches s’élanceront comme convenu, derrière un mot d’ordre : obtenir une vraie loi climat, en lieu et place du projet qui sera présenté ce 29 mars aux parlementaires.

25 % des amendements jugés irrecevables en Commission spéciale

Il a déjà plusieurs casseroles derrière lui. Remis le 10 février au Conseil des ministres, il était censé reprendre « dans l’esprit « les propositions formulées par les 150 membres de la CCC pour une transition efficace dans un » esprit de justice sociale « : ces derniers ont finalement attribué une note de 2,5 sur dix au gouvernement. Avant eux, le Conseil économique, social et environnemental ou encore le Haut conseil pour le climat avaient manifesté leur scepticisme, estimant que les mesures compilées dans le texte ne seront pas à même de conduire à une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030, objectif essentiel de la lutte contre le réchauffement que la France s’est engagée à tenir.

Avant de passer en séance plénière, enfin, le projet de loi Climat et Résilience avait été transmis à une commission spéciale, chargée de le peaufiner. Certains espéraient que les 71 députés qui la composaient rattrapent le tir. Beaucoup ont tenté de le faire, dans les rangs de l’opposition, et même dans ceux de la majorité. Plus de 5 000 amendements ont été déposés, pour renforcer les 69 articles que compte le projet de loi et remettre en avant des propositions de la CCC non retenues par le gouvernement. Rien n’y a fait.

Dès l’ouverture des débats, Laurence Maillart-Méhaignerie, députée LaREM d’Île et Vilaine chargée de présider la Commission, avait prévenu : en vertu de l’article 45 de la Constitution, les amendements n’ayant aucun lien avec le projet ne seraient pas retenus. Cette interprétation stricte de ce qui relève du « cavalier législatif » a conduit au final à ce qu’un quart de ceux présentés ont été jugés irrecevables.

« Ce projet de loi climat n’impose aucune contrainte aux entreprises les plus polluantes. »

La plupart visaient pourtant à introduire dans le texte des leviers essentiels aux politiques climatiques, relève le Réseau action climat (RAC), qui rassemble une quinzaine d’ONG environnementales. Le développement du ferroviaire, par exemple. « Cette question était complètement absente du projet présenté par le gouvernement. Elle l’est toujours de celui issu de la Commission spéciale », relève ainsi Valentin Desfontaines, responsable mobilités durables du RAC. « C’est une absurdité, lorsque l’on sait que le train est un outil indispensable pour réduire les émissions de GES du secteur du transport », lesquelles comptent toujours pour près de 30 % des émissions nationales.

Même sort réservé aux propositions portant sur l’éco-responsabilité des entreprises, souligne Alexandre Poidatz, d’Oxfam France. « Nous avons là un projet de loi climat qui laisse de côté les entreprises les plus polluantes, auxquelles nulle contrainte n’est imposée. » Cent députés, dont 8 de LaREM, avaient pourtant déposé des amendements dans ce sens. « Tous ont été déclarés irrecevables, considérés comme des cavaliers législatifs. »

Du PCF du Nord à EELV dans le Cher, plus de 60 structures politiques locales appellent à marcher

La séance plénière permettra-t-elle de remettre la loi Climat sur la bonne trajectoire ? « Plusieurs sujets paraissent d’ores et déjà verrouillés », admet Meike Fink, responsable Transition climatique juste du RAC. Des marges de manœuvre existent cependant pour les parlementaires. « Cela peut permettre, a minima, de reposer publiquement plusieurs débats. » La pression, surtout, va compter. La journée de dimanche, en cela, sera déterminante.

D’Alternatiba à Zéro Waste France, toutes les grandes ONG et autres réseaux écologistes ont bien évidemment signé l’appel à se mobiliser, de même que les 150 membres de la CCC. Ils ne sont pas les seuls. Côté syndicats, la FSU, Solidaires, l’Union nationale lycéenne (UNL) ou encore plusieurs unions locales CGT en ont fait de même. Les forces de gauches seront également sur le terrain, nationalement mais aussi localement. Le PCF du Nord s’avère particulièrement mobilisé, qui appelle à rejoindre les manifestations de Dunkerque, de Lille, de Hazebrouck, de Rosult et de Valencienne. Les sections EELV d’Angoulême, du Cher ou encore de l’Audomarois, la France insoumise Sud Ardèche, le PS Alpes Maritimes ou Génération.s à Roubaix : au-delà des organes nationaux, plus de 60 structures locales appellent à marcher dimanche. À Paris, enfin, de nombreuses personnalités politiques, médiatiques ou du monde de l’art ont prévu de se joindre au cortège.

 

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