Changer de métier
s’apparente souvent à un parcours du combattant. Le Cese s’est penché sur la
question et propose une mobilisation générale.
Enfin un guide. Si l’avis rendu ce mardi par le Conseil économique, social
et environnemental (Cese) possède au moins une vertu, c’est bien celle d’offrir
une cartographie à peu près claire des routes qui devraient mener à la
reconversion professionnelle. Car changer de métier, par envie de nouveaux
horizons ou bien forcé par une perte d’emploi ou un plan social, s’apparente à
un jeu de piste menant à nombre d’impasses. Mais les deux auteurs ne s’en sont
pas tenus à la rédaction d’un « guide du routard de ma nouvelle vie au
boulot ». Florent Compain, ancien président des Amis de la Terre, et
l’universitaire Bernard Vivier, représentant de la CFTC au Cese, émettent une
vingtaine de préconisations qui ont l’intérêt de sortir du « y a qu’à faut
qu’on » accompagnant trop souvent les actuelles annonces de plans
sociaux. « Le problème est que les mécanismes existants sont
accessibles à certains moments, dans certains contextes. Mais il y a des trous, relève
Bernard Vivier. L’objectif de cet avis est d’équiper les personnes tout
au long de leur parcours professionnel. »
Pour l’heure, si les mécanismes d’aide et d’accompagnement existent, c’est
aux candidats au changement de métier de s’adapter à leurs conditions, non
l’inverse. L’étude du Cese dresse un constat accablant. Peu de fins de contrat
de travail ouvrent droit à reconversion. Or les embauches en CDD et contrats
temporaires sont bien plus nombreuses qu’en CDI. Les obligations de reclassement
contenues dans les « plans de sécurisation de l’emploi » ou les accords de
performances collectives sont faibles pour les grandes entreprises et quasi
inexistantes chez les PME et TPE. La gestion prévisionnelle des emplois et
compétences recèle la même dualité des moyens entre grandes et petites
entreprises. Pôle emploi propose bien un « contrat de sécurisation
professionnelle », mais uniquement pour les licenciés économiques.
Quant à la loi Pénicaud de 2018 consacrée à la formation professionnelle, si elle
a bien consolidé le droit individuel à la formation et le « CPF de
transition », qui a succède au congé individuel de formation, elle a sabré dans
les moyens dévolus.
« Anticiper, prévenir, accompagner »
Comme remède, Florent Compain préconise un triptyque : « Anticiper,
prévenir, accompagner. Plus on identifie tôt les difficultés liées aux
transitions numériques, écologiques, aux mutations portées par cette année de
crise de Covid-19, plus on sera en mesure de proposer le bon dispositif aux
personnes. Il faut notamment cibler les travailleurs précaires et les moins
qualifiés, qui suivent moins de formations au cours de leur carrière que les
autres. » Bernard Vivier envisage d’autres « trous dans la
raquette à colmater ». « Les TPE, les demandeurs d’emploi, les personnes en
recherche de seconde partie de carrière et les indépendants sont les grands
oubliés. Il faut amplifier les moyens. Car la reconversion, c’est aussi la
possibilité donnée de continuer à mettre le travail au centre de la vie. »
Les deux rapporteurs
proposent donc un diagnostic dressé par France Stratégie, « des
engagements de l’emploi et des compétences en lien avec les transitions
écologique, numérique et démographique » avec les branches
professionnelles, un rôle réinventé des comités sociaux et économiques (CSE) et
un investissement massif dans l’accompagnement des transitions
professionnelles. « Nous ne proposons pas un dispositif miracle, mais
bien une mobilisation générale de tous les acteurs », conclut Bernard
Vivier.
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