La politique n’est pas un jeu ni un pari, encore moins un exercice
solitaire. Rattrapé par ce que nous nommons désormais la « troisième vague »
due au Covid-19, Emmanuel Macron se retrouve au pied d’un mur qui menace de
s’écrouler, emportant avec lui toute sa stratégie. Alors que, depuis un an, la
gestion de la crise a révélé de si lourdes failles et faiblesses que la nation
a donné l’impression de tomber de son piédestal, le prince-président s’entête à
prouver la légitimité de ses choix et affirme même qu’il n’a « aucun
mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d’échec », ajoutant : « Nous
avons eu raison de ne pas reconfiner la France à la fin du mois de janvier
parce qu’il n’y a pas eu l’explosion qui était prévue par tous les modèles. »
Personne n’oubliera ces mots. Car les « modèles » dont il
parle avaient précisément prévu ce qui se passe en ce moment. Ne pas
reconnaître ses erreurs est un problème ; ne rien apprendre de ses erreurs est
une faute grave. À la vérité, puisque les décisions de Macron paraissent
échapper à la rationalité scientifique, comment s’étonner que les citoyens ne
comprennent rien aux tergiversations et doutent même de l’efficacité des
mesures actuelles ?
Notre ici-et-maintenant
en dit long sur notre pays, gangrené par des institutions d’un autre âge. Un
homme concentre à lui tout seul l’exercice de l’État à son degré le plus
essentiel. Regardez à quel point chacun s’impatiente de savoir s’il parlera ou
non, et quand ! L’épidémie semble hors de contrôle, les hôpitaux sont
submergés, les classes ferment, la vaccination reste apathique et… nous
attendons la bonne parole venue d’en haut. Une folie si peu démocratique
qu’elle cadre mal avec notre idée de la République. Imaginez d’ailleurs
l’éventuelle séquence politique si d’aventure le prince-président, dépassé,
annonçait un nouveau confinement obligeant les Français à rester chez eux,
après avoir assuré que le virus ne devait pas nous empêcher de « prendre
l’air ». Comment qualifierions-nous, dès lors, sa gestion d’hier et
d’aujourd’hui ? D’un exercice – défaillant – de l’État. Tout simplement.
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