« On n’empêche pas les Français de sortir », a déclaré Olivier Véran chez nos confrères. Les mots du ministre de la Santé ne résonnent assurément pas du même écho auprès des heureux Parisiens qui ont rouvert leur résidence secondaire de Trouville ou Deauville, et dans les familles populaires des Hauts-de-France et d’Île-de-France, coincées entre le square d’en bas pour seule échappatoire et la barre d’immeubles d’en face comme horizon. « Ce n’est pas un confinement », veut convaincre Olivier Véran à l’adresse des habitants des seize départements concernés par les nouvelles restrictions. Mais, si le régime des attestations de sortie est simplifié et le périmètre de circulation plus vaste qu’en mars ou octobre 2020, on a compris, au sauve-qui-peut à bord des TGV affichant tous complet vers le littoral, vendredi, qu’une partie de la population n’entendait pas se soumettre aux délices du « non-confinement » imposé à ses concitoyens.
Bien sûr, il n’y a pas que les privilégiés qui s’exilent. Des étudiants
désargentés, des jeunes travailleurs isolés rentrant au domicile familial sont
aussi montés dans les trains. Le confinement, pour nécessaire qu’il soit pour
casser la courbe ascendante du virus, n’en reste pas moins un formidable
catalyseur des inégalités qui minent la société, parce qu’il les objective dans
des réalités distinctes, séparées.
Le nouveau mot d’ordre
du « confinés dehors » résonne dans le vide, quand on n’a nulle part où aller
que le petit trois-pièces familial de banlieue. Pour les premiers de corvée
interdits de télétravail ou bien devant s’y astreindre à domicile, ces
restrictions qui ne disent pas leur nom ressembleront peu ou prou aux
précédentes. Le rayon des 10 kilomètres apportera certes un peu d’air,
mais il pèsera aussi en permanence sur les mouvements de chacun comme une
barrière psychologique, si ce n’est physique, quand les mieux lotis en
entendront parler de loin, non concernés dans leur maison de bord de mer.
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