vendredi 26 février 2021

Les arguments stupéfiants des députés LaREM et LR contre l’écriture inclusive

 


Julia Hamlaoui

Avec à leur tête le marcheur François Jolivet, une soixantaine de député.e.s ont déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour interdire de l’écriture inclusive dans les ­services publics. Décryptage de leurs arguments.

Ossifier la langue pour qu’elle ne ­sacralise jamais les conquêtes en matière d’égalité femmes-hommes. Un défi sur lequel se retrouvent une soixantaine de député.e.s, essentiellement LaREM et LR. Avec à leur tête le marcheur François Jolivet, les parlementaires ont déposé, mardi, une proposition de loi ­interdisant l’usage de l’écriture inclusive dans les ­services publicsEt leurs arguments sont stupéfiants. Passons sur le Figaro, qui y consacre trois pages, estimant que la « suprématie du masculin sur le féminin dans la société » n’est que « supposée ».

Mots épicènes

Les justifications sont de deux ordres : d’une part, l’écriture inclusive serait « discriminante » pour les plus en difficulté avec la lecture ; d’autre part, l’idée que les mots jouent un rôle normatif serait erronée. « La langue structure, bien entendu, la pensée ; si elle évolue et que cette écriture est de plus en plus utilisée, c’est parce que la question ­féministe avance », assure Céline Piques. La porte-parole d’Osez le féminisme ! ­rappelle au passage que le point médian qui concentre le courroux des réfractaires n’est pas sa seule forme. L’écriture inclusive peut se décliner par l’usage de mots épicènes (non genrés), de doublons (citoyennes et citoyens) ou encore de la règle d’accord de proximité pour éviter que le « masculin ne l’emporte sur le féminin ». « Tous les psycho linguistes constatent l’échec patent du masculin générique », pointe Brigitte Grésy, tandis que l’article unique de la pro­position de loi entend le consacrer.

Imparfait du subjonctif

La présidente du Haut Conseil à l’égalité (HCE, lire ici notre entretien avec elle), également agrégée de grammaire, juge en outre qu’une école qui enseigne « l’imparfait du subjonctif aux enfants » devrait pouvoir s’en sortir avec de nouvelles pratiques. « Avant les oukases des grammairiens du XVIIe  siècle, tout était féminisé et on accordait comme on voulait », rappelle-t-elle. Début mars, une nouvelle version du guide du HCE pour une « communication publique sans stéréotype de sexe » sera publiée. N’en ­déplaise aux conservateurs. 

 

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