Avec à leur tête le marcheur François Jolivet, une
soixantaine de député.e.s ont déposé une proposition de loi à l’Assemblée
nationale pour interdire de l’écriture inclusive dans les services publics.
Décryptage de leurs arguments.
Ossifier la langue pour qu’elle ne sacralise
jamais les conquêtes en matière d’égalité femmes-hommes. Un défi sur lequel se
retrouvent une soixantaine de député.e.s, essentiellement LaREM et LR. Avec à
leur tête le marcheur François Jolivet, les parlementaires ont déposé, mardi,
une proposition de loi interdisant l’usage de l’écriture inclusive dans les services
publics. Et leurs arguments sont stupéfiants. Passons sur le
Figaro, qui y consacre trois pages, estimant que la « suprématie
du masculin sur le féminin dans la société » n’est que « supposée ».
Mots épicènes
Les justifications sont de deux ordres :
d’une part, l’écriture inclusive serait « discriminante » pour
les plus en difficulté avec la lecture ; d’autre part, l’idée que les mots
jouent un rôle normatif serait erronée. « La langue structure, bien
entendu, la pensée ; si elle évolue et que cette écriture est de
plus en plus utilisée, c’est parce que la question féministe avance »,
assure Céline Piques. La porte-parole d’Osez le féminisme ! rappelle au
passage que le point médian qui concentre le courroux des réfractaires n’est
pas sa seule forme. L’écriture inclusive peut se décliner par l’usage de mots
épicènes (non genrés), de doublons (citoyennes et citoyens) ou encore de la
règle d’accord de proximité pour éviter que le « masculin ne l’emporte sur le
féminin ». « Tous les psycho linguistes constatent l’échec
patent du masculin générique », pointe Brigitte Grésy, tandis que l’article
unique de la proposition de loi entend le consacrer.
Imparfait du subjonctif
La présidente du Haut Conseil à l’égalité (HCE, lire ici notre entretien avec elle), également agrégée de grammaire, juge en outre
qu’une école qui enseigne « l’imparfait du subjonctif aux enfants » devrait
pouvoir s’en sortir avec de nouvelles pratiques. « Avant les oukases
des grammairiens du XVIIe siècle, tout était féminisé et on
accordait comme on voulait », rappelle-t-elle. Début mars, une nouvelle
version du guide du HCE pour une « communication publique sans stéréotype de
sexe » sera publiée. N’en déplaise aux conservateurs.
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