lundi 1 février 2021

« Le pire, sauf… », L’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



On pourrait paraphraser la formule de Churchill sur la démocratie. Le choix de temporiser est le pire… à l’exception de tous les autres. Mais l’épée de Damoclès est toujours au-dessus de nos têtes. Cette décision assortie du serrage de quelques boulons, témoigne d’une réalité qui devient essentielle. En mars 2020, neuf Français sur dix acceptaient le confinement. Un sur deux aujourd’hui. Chez certains de nos voisins, des manifestations le combattent. Nous n’en sommes pas là, fort heureusement, mais la question de son acceptabilité est posée. Surtout, elle renvoie à une autre donnée, la psychologie, le moral du pays.

La gestion assez désastreuse de la crise s’est appuyée sur la situation sanitaire et sur la question de « l’économie ». Comment ne s’est-on pas étonné plus vite de l’absence, au sein des instances de conseil, de psychologues, de psychiatres, de sociologues, mais aussi bien des syndicats, d’élus… Les décisions ont été à la fois autoritaires et techniques, voire technocratiques, en occultant les relations sociales, avec une chape de plomb, oui, sur la culture, le sport… Une autre démarche, démocratique et prenant en compte ces multiples aspects, aurait-elle été plus efficace en termes sanitaires ? Nul ne peut le dire, mais elle aurait sûrement été plus juste en termes de psychologie collective.

À cette gestion s’ajoute la succession des erreurs et des mensonges. Sur les masques, les tests, sur les vaccins, avec ce qui devient un véritable cafouillage générateur d’angoisse et de doute. Emmanuel Macron en appelle à la responsabilité, après avoir dénoncé 66 millions de procureurs (en comptant les enfants). Nous sommes en droit d’attendre de la transparence, de la détermination face aux laboratoires, de l’engagement pour le service public, de la justice pour les jeunes avec un RSA, des mesures pour toutes celles et tous ceux qui souffrent en raison des bas salaires, du chômage partiel, de la précarité. C’est aussi la bataille que nous devons mener.

 

 

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