Quand je parle d’islamo-gauchisme, « j’ai
à l’esprit l’ensemble des radicalités qui traversent notre société ». Cette
phrase, dans le Journal du dimanche, de celle qui est encore
ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, pourrait justifier à
elle seule sa démission, comme la réclame la pétition déjà signée pendant le
week-end par plus de 600 universitaires.
En clair, en tentant de se justifier, avec
ce qui ressemble à un laborieux rétropédalage, Frédérique Vidal ne fait pas
autre chose qu’avouer qu’elle s’est livrée à un incroyable amalgame, une
scandaleuse manipulation, un défi à la logique. Et donc, l’islamo-gauchisme,
devenu un des mots fétiches de la droite et des droites extrêmes, engloberait
tout à la fois les études sur les thématiques « raciales », post- coloniales,
sur le genre, etc. La presse de droite ne dit pas autre chose. Le
Figaro de samedi dénonçait, à sa une, « l’hégémonie des
recherches sur la race, le genre et l’islamo-gauchisme ». Une
hégémonie, quand des plateaux télé sont squattés par des journalistes et
polémistes de droite et plus ? Quoi de commun entre l’islam et le genre, les
études sur les stigmates de la colonisation, le racisme ?
Madame Vidal est incapable de s’en expliquer,
s’empêtrant dans ses arguments : « Bien sûr l’islamo- gauchisme n’a pas
de définition scientifique mais c’est un ressenti de nos contemporains. » Un
ressenti de quelque chose qui n’a pas de définition, ça se définit comment ?
Elle ne le peut pas parce qu’elle a lancé dans le débat public et contre les
universités, au moment où l’extrême droite manifeste à Paris, quand Gérald
Darmanin se produit en duo avec Mme Le Pen, tout en la trouvant un
peu « molle », une véritable « boule puante idéologique », qu’on
nous pardonne l’expression. Cela aussi dans un moment où la recherche est en
manque de moyens, dans cette période où des dizaines de milliers d’étudiants
ont faim. On dit bien « ont faim », dans la France du XXIe siècle ! Oui,
Mme Vidal est indigne de sa fonction et le président se devrait d’en tirer les
conclusions.
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