De la traque du prétendu islamo-gauchisme
à l’université à la dénonciation des repas végétariens dans les cantines
lyonnaises en passant par une laïcité revue et corrigée, on croirait lire dans
les causes que se choisit le gouvernement les gros titres de certains
hebdomadaires : « Gauchos, écolos, anti-fachos, à bas les nouveaux censeurs qui
veulent imposer leur idéologie ». Comme un syncrétisme des couvertures de Marianne, le
Point, le Figaro Magazine et Valeurs actuelles,
plus cohérent qu’il n’y paraît. Il ne manque que la diatribe contre les
féministes et les syndicats.
Nul hasard dans cette compilation
d’apparence éclectique. Dans un pays en proie aux doutes face à l’avenir qui se
dérobe, miné par des inégalités décuplées depuis la pandémie, et alors que les
crises multiples que nous vivons invitent à de profondes remises en cause
préludes aux grands changements, toute étincelle peut mettre le feu aux
poudres. Dans ce contexte, le gouvernement a choisi son parti, celui d’exciter
toutes les divisions. L’entreprise est d’autant plus aisée qu’elle appuie sur
une faiblesse de la gauche : sa propension à perdre de vue le commun combat
pour s’abîmer dans ses querelles.
Cela prêterait à rire, s’il ne s’agissait en réalité
de faire diversion des graves problèmes de l’heure auxquels l’exécutif
n’apporte aucune réponse. La misère noire dans laquelle sombrent des milliers
d’étudiants n’étant pas le moindre d’entre eux. De quoi sont coupables, au fond,
ceux que le gouvernement désigne pêle-mêle à la vindicte publique ? De
s’engager pour plus d’égalité et de fraternité entre tous, plus de liberté pour
chacun de choisir sa vie plutôt que la subir. Leur combat ne rétrécit l’horizon
de personne : au contraire, il élargit les possibles. Mais justement parce
qu’ils sont des empêcheurs de dominer, discriminer, exploiter sans gêne, ils
sont la bête noire des Darmanin, Vidal, Blanquer et consorts. Conservateurs de
tout poil et de tout bord, déçus de la gauche, de la droite et de l’extrême
droite, unissez-vous : tel est le credo de ceux-là pour rester au pouvoir. Les
élections de juin peuvent être une première occasion de les mettre en
échec.
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