Les faucons américains et israéliens tentent par tous
les moyens d’empêcher l’administration Biden d’acter le retour des États-Unis
dans l’accord sur le nucléaire. L’armée israélienne prépare des plans
opérationnels.
Au sein de l’armée israélienne, le général
Aviv Kochavi a prononcé un véritable discours de guerre lors de la conférence
annuelle de l’Institut de recherche de défense de l’université de Tel-Aviv
(INSS), un think tank très prisé par les dirigeants politiques et militaires
israéliens.
Le chef d’état-major a ainsi parlé de
la « prochaine guerre », qui dans sa bouche semble
inéluctable. Désignant l’Iran, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien
comme menaces, il a prévu qu’Israël répondra « par une contre-attaque
extrêmement importante qui comprendra le ciblage de roquettes, de missiles et
d’armes, que ce soit dans des zones ouvertes, ou à proximité et à l’intérieur
des bâtiments ». Sans doute pour donner plus de poids et de sérieux à son
propos, il a évoqué les « populations au Liban et à Gaza », qui
seront « alertées dès que les tensions commenceront » pour
qu’elles quittent « les zones où les roquettes et les missiles sont
stockés ». Il a également mis en garde les civils israéliens sur un ton
martial : « Le jour J, pendant une guerre, de nombreux missiles et
roquettes exploseront ici et ce ne sera pas facile. »
Le soutien des Émirats arabes et de Bahrein
Un enrobage dramatique et potentiellement
dangereux pour asséner l’idée qu’un retour à l’accord sur le nucléaire
iranien « serait une mauvaise chose ». Il a ainsi ordonné à l’armée
de « préparer des plans opérationnels additionnels » en 2021,
qui « seront prêts » en cas de décision des politiques de
mener une offensive contre l’Iran. « Tout accord qui ressemble à
l’accord de 2015 est une mauvaise chose, tant sur le plan stratégique
qu’opérationnel », a dénoncé Kochavi. « Les pressions sur
l’Iran doivent se poursuivre, l’Iran ne peut pas avoir de capacités pour
posséder une bombe nucléaire », a-t-il rajouté, en évitant d’évoquer
l’arsenal nucléaire que détient Israël en toute illégalité.
De telles déclarations, si elles ne sont
pas à prendre à la légère, marquent néanmoins les craintes de Tel-Aviv devant
les nouveaux développements en cours. Israël avait dénoncé l’accord sur le
nucléaire signé en 2015 (plan d’action global commun, JCPOA en anglais) entre
l’Iran et le Groupe des six (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et
Allemagne), après douze années de tensions. Le retrait des États-Unis en 2018
avait réjoui le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Mais celui-ci
fait grise mine avec l’intention affichée du nouveau président de réintégrer
l’accord tout en le modifiant pour y inclure les missiles balistiques et la
présence iranienne dans la région. Lors d’un entretien téléphonique, mardi,
avec Vladimir Poutine, Joe Biden a évoqué le dossier nucléaire iranien sans grande
surprise au vu de ses déclarations antérieures. Moscou estime que Washington
doit faire le premier pas pour sauver l’accord et garantir son respect par
Téhéran.
Comme toujours, Israël ne craint rien de
plus qu’un règlement des problèmes régionaux sans qu’il y soit associé,
c’est-à-dire sans que ses intérêts ne soient au centre des préoccupations. D’où
ces inhabituelles déclarations israéliennes sur ces attaques menées contre
500 cibles au Moyen-Orient en 2020, parmi lesquelles des bases de milices
pro-iraniennes en Syrie. D’où aussi ce discours enflammé du chef d’état-major,
prononcé avec l’accord plein et entier de Benyamin Netanyahou. Les responsables
israéliens savent qu’ils alimentent ainsi la campagne en cours aux États-Unis
contre la nouvelle orientation de la Maison-Blanche.
Joe Biden entend nommer Robert Malley comme son envoyé
spécial pour l’Iran. Malley, qui avait dirigé l’équipe américaine de
négociation de l’accord de 2015, est la bête noire des conservateurs et de la
droite israélienne. Netanyahou a déjà exprimé son opposition (sic) à une telle
nomination. Quant au sénateur républicain de l’Arkansas, Tom Cotton, il a cru
bon dire : « Les ayatollahs n’en croiraient pas leur chance s’il était
choisi. » Dans ce combat, les faucons américains et israéliens peuvent compter
sur les Émirats arabes unis et Bahreïn. Ils ont exhorté Israël à se joindre à
eux dans un effort de sensibilisation auprès des États-Unis pour que leur
position quant à la menace iranienne dans la région soit claire.
Moscou défend l’accord
La
Russie et l’Iran veulent rétablir l’accord sur le nucléaire iranien, ont
annoncé leurs deux responsables de la politique étrangère. L’administration de
Joe Biden devant décider si les États-Unis reviennent à ce texte clé. « Un
thème particulièrement d’actualité est celui de sauver l’accord. Et nous, comme
l’Iran, souhaitons un retour à sa mise en œuvre pleine et entière », a
assuré le ministre russe Sergueï Lavrov en présence de son homologue iranien
Mohammad Javad Zarif, en visite à Moscou. Les Iraniens demandent la levée des
sanctions américaines et le respect par Washington de ses obligations. La
Russie a également exhorté Téhéran à éviter toute « surenchère ».
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, pense qu’un « dialogue
sélectif » avec les États-Unis peut se tenir sur l’Iran.
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