mercredi 27 janvier 2021

« McDo fait du gras », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité.



McDonald’s est passé maître dans l’art de solliciter les subventions publiques, sans pour autant tenir ses promesses de créations d’emplois. 

 

Au monde merveilleux de McDonald’s, derrière le double cheese et le royal bacon, il n’y a pas que les consommateurs qui s’engraissent et font du gras. Les actionnaires aussi. Et pas n’importe comment. Les conclusions d’un rapport de l’ONG ReAct donnent des frissons de machiavélisme capitalistique. En France, les pratiques du roi du fast-food confinent, en effet, au génie de l’optimisation de toutes les aides possibles et imaginables, sans parler de l’accaparement des subventions publiques, art dans lequel McDo est passé maître-étalon !

 

Dans le détail, ReAct nous apprend que le géant bénéficie depuis des années d’une réduction générale des cotisations sociales patronales dite «réduction Fillon» pour les bas salaires et, bien sûr, du trop fameux Cice, dans des proportions si impressionnantes que McDo a «économisé» entre, 290 et 400 millions d’euros sur six ans, l’équivalent de 200 000 à 300 000 euros par restaurant. À quoi a servi cette manne financière ? À augmenter les salaires ? À améliorer les conditions de travail des salariés, sachant que 80% sont à temps partiel ? Non, juste à baisser le « coût du travail » et à gonfler les bénéfices : plus de 2,3 milliards d’euros entre 2011 et 2019…

 

Adossé à toutes ces aides, jamais McDonald’s France ne s’est si bien porté. Rappelons que l’enseigne emploie plus de 75 000 salariés dans l’Hexagone, dans près de 1 500 restaurants, soit le deuxième marché mondial en matière de chiffre d’affaires derrière les États-Unis. Et qui en profite ? Les actionnaires, pardi ! En 2020, le groupe leur a reversé 3,8 milliards d’euros. Vertigineux. À deux détails près. Dans notre pays, non seulement la loi interdit d’utiliser le Cice pour augmenter la distribution de dividendes – l’entreprise refuse de donner le détail de ses comptes sur ce plan-là –, mais, de plus, elle s’était engagée à créer 20 000 nouveaux emplois entre 2011 et 2019. À ce jour, moins de 10 000 ont été réalisés. Vous avez dit crise ?

 

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