jeudi 24 décembre 2020

Les associations en première ligne toute l’année



 Maïwenn Furic

Tout est mis en œuvre pour proposer des fêtes à tous. Après des mois éprouvants, bénévoles et organisations rencontrent de nombreuses difficultés. Entretien.

FLORENT GUEGUEN, Directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS)

La période des fêtes de Noël est très importante pour les associations de lutte contre l’exclusion, et surtout pour leurs bénéficiaires. Mais, cette année, ça risque d’être compliqué…

FLORENT GUEGUEN : La tradition, c’est le repas de Noël et les activités culturelles pour les enfants. Cette année, c’est difficile à mettre en œuvre. Il y aura moins de réveillons solidaires. Les associations ont très peur des clusters, notamment dans les centres d’hébergement où les personnes sont à risque, qu’elles soient âgées ou de santé fragile. Les associations tentent d’organiser des moments de convivialité tout en respectant les consignes sanitaires. Il faut quand même marquer le coup, c’est un moment de solidarité très important, surtout après cette année.

Une année qui a été difficile pour tous, et aussi pour les associations sociales…

FLORENT GUEGUEN : Nos associations ont été en première ligne durant les deux confinements. Le premier a été très dur, car il y a eu, entre autres, la fermeture brutale de structures d’accueil pour les personnes sans domicile fixe. Le travail social repose sur un lien direct, il ne peut pas se faire à distance. Les associations ont dû se réorganiser. Elles ont souffert des décisions prises en début de mandat, avec 300 000 contrats aidés supprimés depuis 2017. La leçon positive, c’est qu’elle a aussi vu naître de nombreuses démarches de solidarité citoyenne, en dehors du cadre habituel des associations. La situation de crise aurait pu déboucher sur de l’individualisme. Mais de nombreuses personnes ont utilisé ce temps de confinement pour apporter leur aide. Maintenant, nous réfléchissons à comment faire perdurer ça.

La crise a rappelé l’importance des associations, notamment celles qui luttent contre l’exclusion.

FLORENT GUEGUEN : Elles ont redoublé d’efforts mais, dans le secteur associatif social, les salariés ont finalement le sentiment que leur travail n’a pas eu la reconnaissance nécessaire. Ni salariale, ni symbolique. Le secteur sanitaire a bénéficié d’une revalorisation des salaires, ce qui est ultra-légitime. Mais nous avons aussi des soignants qui interviennent en centre d’hébergement. Et eux n’ont rien eu. Ça crée un sentiment d’inégalité et ça rend les recrutements encore plus compliqués pour les associations. Ce qui va être difficile maintenant, c’est de faire face à une augmentation des publics qui sollicitent les associations d’aide d’urgence : plus 30 % par rapport à 2019 pour les banques alimentaires. Et ce, sans moyens supplémentaires.

 

 

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