jeudi 24 décembre 2020

« Générosité », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité



 Santiago, Marie-Reine, Alassane ou encore Monette… Leurs prénoms et leurs visages vous sont sans doute inconnus. Ces derniers mois, et aujourd’hui encore, l’Humanité relaye leur engagement en faveur des plus vulnérables, davantage fragilisés par une pandémie ravageuse qui est venue rajouter du désespoir là où il y en avait déjà trop. Ils sont à pied d’œuvre, n’économisant ni de leur temps ni de leur énergie pour que cette période de Noël, si particulière cette année, rime un peu avec l’esprit des fêtes. Leur générosité ne se réduit pas à distribuer des jouets aux enfants ou des colis alimentaires. Leurs sourires, leur écoute réconfortent autant que les aides matérielles ; ils comblent un trop-plein d’isolement.

Il faut les entendre parler de la souffrance, en recrudescence. Conséquence de la crise sanitaire : 1 million de Français ont basculé dans la pauvreté, alors que le pays en comptait déjà plus de 9 millions. Ces pauvres, ce sont des jeunes, et particulièrement des étudiants, des personnes âgées aux pensions indécentes, des chômeurs, des salariés qui « n’y arrivent plus ». C’est un cri d’alarme et une honte pour les autorités. Ces bénévoles et ces militants ne remédient pas aux défaillances de l’État, ils pansent ses options politiques et ses renoncements.

En 2021, le Smic ne sera « revalorisé » que de 0,90 %. « Ça peut paraître peu » mais « c’est la plus forte hausse de ces dix dernières années », a osé la ministre du Travail, Élisabeth Borne, qui n’a sans doute jamais eu à vivre avec le salaire minimum. La suffisance de l’exécutif, le mépris du président déclarant que les minima sociaux coûtent un « pognon de dingue » à l’État sont obscènes. Ils témoignent d’un décalage ahurissant avec les réalités du pays. Au lieu de diriger la France comme on administrerait une banque, l’Élysée serait bien inspiré de repenser un système de protection sociale efficace, ainsi qu’une politique de l’emploi à même de combattre l’exclusion sociale, qui concerne désormais près d’un Français sur six.

Aux antipodes du dédain de ce pouvoir, nous vous souhaitons des fêtes aussi généreuses que Santiago, Marie-Reine, Alassane, Monette et bien d’autres.

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