dimanche 29 novembre 2020

Retirez la loi « sécurité globale » (Patrick Le Hyaric)



Il n’y a qu’un moyen pour le pouvoir de répondre à l’immense protestation populaire qui parcourt le pays : retirer la loi dite « sécurité globale ». Certes, le mouvement a commencé par réclamer la suppression de l’article 24, mais c’est l’entièreté de la loi qui vise un contrôle de l’ensemble de la population qui doit être jetée aux orties.

Ainsi la police nationale, les polices municipales et les entreprises de sécurité privées seraient demain sous les mêmes commandements. Ce sont bien les droits fondamentaux des citoyens qui étaient au cœur des manifestations : liberté d’expression, liberté d’information et droit de savoir, liberté de manifester, droit à la sécurité. Ce dernier implique désormais la refondation des services de polices pour une police respectueuse des principes républicains, proche des citoyens. Et de remplacer une IGPN aux ordres par un organisme indépendant du pouvoir. Il est inacceptable que les policiers frappeurs continuent d’être jugés par leurs pairs.

Du reste, si cette loi était en application, si donc la diffusion des images que ce texte veut réglementer, étaient interdites, le producteur de musique M. Michel Zecler serait sans doute poursuivi pour rébellion ou violences à l’égard de fonctionnaires dépositaires de l’autorité publique. Peut-être serait-il placé sous mandat de dépôt à l’heure qu’il est, c’est-à-dire en prison.

Depuis trop longtemps maintenant, nous voyons des violences policières déchainées contre les mouvements sociaux comme ceux des Gilets jaunes, ou lors du mouvement s’opposant à la contre-réforme des retraites. Ces violences vont parfois jusqu’à provoquer la mort : un livreur à Paris, un jeune à Nantes… Quant aux banlieues… Avant on appelait cela « des bavures », mais les vidéos des violences contre les réfugiés, militants et journalistes de la place de la République et le déchaînement de haine raciste et de coups contre un producteur de musique sur son propre lieu de travail révèlent une situation révoltante dans laquelle les forces de sécurité se croient tout permis.

Et, si elles le peuvent, c’est parce que pour répondre à un électorat de droite et d’extrême droite, des consignes sont données en haut lieu, les procédures et le droit sont jetés à la poubelle. Du reste, si ces exactions n’avaient pas été filmées, les victimes auraient été les accusées et les policiers, assurés d’impunité, rendus encore plus libres dans leurs méfaits.

Le président de la République peut bien écrire son long texte sur les réseaux, faisant mine comme son sinistre-ministre de l’Intérieur de condamner ces agressions policières, sans ne jamais utiliser l’expression « violences policières », il en porte la lourde responsabilité. D’abord ce ministre n’a pas été choisi dans les rangs de la droite par hasard : sa mission est de chasser l’électeur de l’extrême droite, pour le faire voter Macron à la prochaine présidentielle. Eux encore, qui sont allés chercher le préfet de police Lallement pour mettre « de l’ordre à Paris ». Lorsqu’il a déclaré à une citoyenne Gilet jaune sur le rondpoint de la place d’Italie qu’il n’était pas du même camp qu’elle, on a compris clairement que sa mission n’était pas de protéger les citoyens mais de s’inscrire dans le nouvel ordre « libéro-autoritaire » que le pouvoir est en train de construire pour protéger les puissances d’argent et le capitalisme internationalisé. Ils le font en n’hésitant pas à souiller l’image de la France à travers le monde. Comment ces gens pourront-ils se rendre demain dans un pays étranger et dire qu’ils représentent « la patrie des droits de l’Homme » sans devenir la risée mondiale ?

Oui, c’est toute la loi sur la « sécurité globale » qu’il faut déchirer (tout en écartant dès maintenant ceux qui l’appliquent avant l’heure). Et ne pas la faire revenir par la fenêtre. En effet l’article 25 du projet de loi « confortant les principes républicains » n’est que la reprise de l’article 24 de la loi « sécurité globale ». Que continue de se déployer l’intervention populaire ! Que l’on débatte à nouveau pour revenir aux principes fondamentaux de notre République !

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