Le président de la République va une
nouvelle fois, ce soir, s’adresser au pays. Il entend, selon ses propres
termes, faire cesser « les incertitudes et la morosité sans fin » et,
pour cela, « il faut de la cohérence, de la clarté, un cap, savoir
ensemble où nous allons et comment nous y allons ». Ensemble, certes,
mais c’est à un exercice vertical et régalien que nous allons assister. La
démocratie, l’élaboration collective de solutions partagées, ce n’est pas
seulement quand tout va bien. Elle est plus que jamais nécessaire quand la
situation requiert l’engagement de toutes et tous.
On connaît déjà les grandes lignes de ce
qui devrait être annoncé. Sur le plan sanitaire, le léger mieux actuel demande
à être confirmé. Le dispositif actuel n’est pas satisfaisant. La France est en
retard depuis le début de la crise. L’Allemagne n’est pas notre modèle mais les
chiffres sont là. 14 000 morts de l’autre côté du Rhin, 48 000 de ce
côté-ci. On teste plus mais après ? Quel suivi pour protéger, isoler dans les
meilleures conditions ?
On sait à quel point est attendue la
réouverture des petits commerces. On a entendu certains chrétiens, les plus
traditionalistes. Mais on peut comprendre, comme pour les autres religions,
plus discrètes. On ne vit pas que de pain, on a besoin des choses de l’esprit.
Comment penser qu’on pourrait aller dans les lieux de culte et pas dans les
lieux de culture ? Le président se doit de répondre à l’inquiétude, voire à la
détresse de leurs artistes et leurs artisans.
Au-delà, c’est à la pleine dimension de la crise que
le président, on doute qu’il le fasse, devrait s’attacher. Nous sommes loin du
quoi qu’il en coûte de mars. La pauvreté explose, les licenciements se multiplient
– hier encore chez Danone. Aux difficultés matérielles s’ajoute un
mal-être sans précédent. Un tiers des étudiants seraient en situation de
détresse. Combien de jeunes ? La France traverse une lourde épreuve. Elle ne
pourra la surmonter qu’avec plus de démocratie, plus de justice sociale et
fiscale. « Quoi qu’il en coûte », avait dit le
président. À qui ?
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