Cette crise sanitaire n’en finit
décidément plus de révéler les travers qui caractérisent notre société. Cet
effet « scanner » du virus est aussi valable pour notre économie. Face à une
telle pandémie, d’une ampleur inégalée, de quels outils financiers dispose
l’État pour agir ? Très peu, en réalité : nous nous sommes sciemment désarmés
depuis quarante ans. Tous les grands établissements bancaires sont désormais
privés. Seule la Banque postale est encore publique, mais avec des critères de
gestion depuis longtemps alignés sur le privé. Elle pointe du reste au
6e rang des sept plus grands groupes bancaires.
Se souvient-on qu’au début des années
1980, quand la gauche au pouvoir avait encore quelques ambitions
transformatrices, 90 % des dépôts bancaires transitaient par un organisme
public ? Notre argent, dans nos outils. Aujourd’hui, cet argent, le nôtre, est
entre les mains d’autres. Ainsi, comme avec le prêt garanti par l’État (PGE),
nos représentants en sont réduits à donner leur caution pour inciter les
détenteurs de notre argent à aider les entreprises dans lesquelles nous sommes
employés. Nous payons, elles décident. Car ce sont bien les banques qui
choisissent qui, elles financent et qui elles ne financent pas. Qui mourra et
qui vivra.
Point de choix démocratique là-dedans, un simple
calcul financier. Il y a cependant encore plus cynique dans la grande jungle
capitaliste par temps de pandémie : les assurances. Celles-ci, que les
gouvernements ont également offertes au privé, utilisent actuellement nos
versements pour, dans de nombreux cas, refuser des indemnisations à des
commerçants sans activité ou résilier des contrats pour des motifs fallacieux.
Les contentieux devant les tribunaux se multiplient et plongent parfois les
plaignants dans l’abîme. Nous payons, ils amassent. Le comble ? C’est quand
même l’État, donc nous, à qui on va présenter la note de la crise. Tirer des
enseignements de la pandémie veut aussi dire récupérer le pouvoir sur notre
argent.
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