Non, on ne tue pas « par amour ». Oui, la
culture du viol est bien réelle et les violences conjugales touchent tous les
milieux sociaux. Comme les « IVG de confort » n’existent pas, les femmes ne se
complaisent pas dans des postures « victimaires ». Rappeler ces quelques
– simples – vérités peut pourtant engendrer un déferlement d’insultes
haineuses allant jusqu’aux menaces de viol et de mort, comme en témoigne le cyber-harcèlement
infligé à de nombreuses féministes.
Grâce à la vague violette, la honte change
de camp. Mais, comme toute révolution – celle-ci est en train de faire
tomber un à un les mécanismes patriarcaux –, le formidable mouvement pour
l’égalité des sexes qui s’est levé dans le monde a aussi réveillé les vieux
démons réactionnaires. Le retour de bâton est violent, et ce n’est qu’un début.
En atteste cet accord de la honte signé à Genève, où 32 pays, parmi lesquels
les États-Unis, le Brésil ou l’Égypte, ont fièrement adopté, le
22 octobre, une déclaration commune qui s’attaque frontalement au droit à
l’avortement. En Pologne, il est de nouveau interdit. Les femmes qui
manifestent sans relâche depuis un mois dans les rues et les églises de
Varsovie sont sauvagement réprimées. En Arabie saoudite, la féministe Loujain
Al Hathloul, en grève de la faim, est emprisonnée depuis deux ans pour avoir
conduit une voiture. En Indonésie, de nouvelles brigades sont chargées de
flageller en public les femmes pour un geste amoureux. Au Pakistan, les
féministes manifestent sous les jets de pierres et coups de bâton. « Rien
n’abîme davantage les pétales masculins que la plus légère ondée féministe car
elle est immédiatement perçue comme un déluge », a écrit Susan Faludi.
Face au déchaînement de cette internationale
antiféministe, ce 21 novembre devait voir à nouveau déferler la
marche #NousToutes. La pandémie en a décidé autrement. Mais ce n’est que partie
remise. Car, non seulement nous n’oublions pas « qu’il suffira d’une
crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient
remis en question », mais nous toutes, partout dans le monde, en voulons de
nouveaux !
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