Lundi soir, à Paris, la place de la
République n’en portait que le nom. Elle était souillée par des policiers
déchaînés, en roue libre.
Soudain, leurs voix se ratatinèrent, leurs
yeux perlèrent, et lorsque leurs cris d’effroi jaillirent finalement dans la
nuit parisienne, il n’y eut que déferlements de haine et de brutalité, comme
des coups de couteau sur les plaies de leurs vies. Lundi soir, la place de la
République n’en portait que le nom. Elle était souillée par des policiers
déchaînés, en roue libre. Des vidéos en attestent. Oui, des images de
journalistes, venus couvrir l’évacuation d’un campement de migrants,
commanditée par le préfet Didier Lallement et validée par le ministère de
l’Intérieur. Quelques heures avant le vote de la loi «sécurité globale», on
notera la suprême vilenie de Gérald Darmanin, parlant d’«images choquantes». Principe
de réalité et leçon de choses, pour l’hôte de Beauvau: pour qu’il y eût
des «images choquantes», il fallait bien des images…
Au cœur de la grande
ville, il ne s’agissait donc pas de «mettre à l’abri» des êtres humains en
détresse, la plupart errant depuis l’évacuation du camp de Saint-Denis, faute
de place dans les centres d’hébergement. C’est précisément pour sensibiliser
les citoyens qu’ils avaient choisi ce lieu pour se réunir, entourés
d’associations, d’avocats et d’élus. De la République, ils n’en ont vu que les
matraques et un usage excessif de la force qui s’apparentent à de la violence
gratuite, s’abattant sur des migrants d’abord, mais aussi des journalistes, des
militants associatifs…
Les mots ne manquent pas
pour exprimer notre sidération et notre colère. Certains s’imposent: la honte
de la République! Honte à ce gouvernement, qui a laissé plusieurs centaines
d’exilés à la rue, dans un dénuement extrême. Honte à cette force publique, qui
a repoussé violemment les exilés de la misère, les jetant comme rebuts,
arrachant leurs tentes, certaines encore occupées. Plusieurs vidéos montrent
des groupes de réfugiés prendre ensuite le chemin de la Seine-Saint-Denis,
encadrés par les gyrophares de véhicules de police. Tout un symbole: «Pauvres
hères, retournez chez les autres pauvres»…
Ces nouvelles violences,
perpétrées en toute impunité et indignes de la France, marquent une étape
supplémentaire dans la dérive liberticide du pouvoir. Le multirécidiviste
préfet Lallement et son ministre de tutelle ont de sérieux comptes à rendre. La
République est salie, durablement blessée.
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