Diego Maradona, génie du ballon rond est décédé mercredi à l'âge de 60 ans. Ayant payé cher sa gloire en sombrant dans la drogue et l'alcool, cette icône du football, l'égal d'un dieu en Argentine, avait toujours su rebondir. Le gouvernement argentin décrète trois jours de deuil national.
En dépit de ses excès en tous genres,
Diego Armando Maradona, né à Buenos Aires et qui venait de fêter ses 60 ans,
restera à jamais le "diez", le numéro dix, capable de marquer les plus
beaux buts de l'histoire, à l'instar du roi Pelé, finalement son seul rival.
Ange ou démon? La polémique n'a jamais
cessé. "Rebelle. Héros. Arnaqueur. Dieu": dans son documentaire
"Diego Maradona", présenté hors compétition au festival de Cannes en
mai 2019, le Britannique Asif Kapadia raconte les années tumultueuses de
l'Argentin à Naples, qui lui ont apporté ses plus grandes joies et ont fini par
le broyer.
Issu des quartiers pauvres de Buenos
Aires, le "Pibe de oro" ("gamin en or") est tombé dans le chaudron
de la Bombonera, le stade du club Boca Juniors, quand il était petit.
Pour les Argentins, " el Pibe de oro
" (le gosse d'or) reste ce numéro dix de génie qui rendit sa fierté à tout
un pays à peine sorti de la guerre des Malouines. En quart de finale de Coupe
du monde 1986, il élance sa " main de Dieu ", puis inscrit un but
venu d'un autre monde, pour battre l'ennemi anglais et lancer les Ciel et Blanc
vers le titre suprême, dans le mythique stade Aztèque de Mexico. Au fait de sa
gloire, le gosse de Boca Junior, passé par Barcelone et roi de Naples, fait
vaciller de son trône le dieu Pelé. " J'avais envie de m'arrêter de jouer
pour le regarder ", avouera son équipier Jorge Valdano lors de cette
épopée argentine.
Agile du gauche et fort en gueule
En 1990, il est toujours à la tête de la
sélection argentine venue en Italie conserver son bien. Mais il échoue en
finale 1-0, face à l'Allemagne. Dernier feu d'une star forte de 91 capes entre
1977 et 1994, et trente-quatre buts inscrits. Déjà accroc à la drogue lors de
son passage au FC Barcelone, il sombre dans tous les excès à Naples
(1984-1991). Vainqueur de la Coupe UEFA en 1989, il affronte ouvertement la
Fédération internationale en tentant de créer un syndicat de joueurs avec
Cantona. L'agilité de son légendaire pied gauche fait alors moins parler que
ses coups de gueule dans les médias et ses frasques qui s'étalent en une de la
presse à scandale. Suit une descente aux enfers débutée le 26 avril 1991.
Entouré de deux policiers, il sort de son domicile de Buenos Aires et est
arrêté pour détention et consommation de cocaïne, après un contrôle positif en
Italie le 17 mars précédent. L'image fait le tour du monde.
Mort de Maradona: "C'est notre passé
qui s'en va", réagit Michel Platini
Le meneur de jeu bouffi tente ensuite des
retours improbables (FC Séville, Newell's Old Boy et Boca Juniors), dont celui
de la Coupe du monde 1994 aux États-Unis. Contrôlé positif à l'éphédrine
(stimulant), il est privé de la fin de la compétition reine et l'Argentine est
éliminée sans lui en huitième de finale. Après avoir enduré deux années et demi
cumulées de suspension pour dopage, Maradona finit par raccrocher ses crampons
le 25 octobre 1997, à trente-sept ans.
"La main de Dieu"
Parmi les milliers de photos accompagnant
la gloire puis la déchéance de Maradona, deux images résument sa vie. La
première remonte justement à 1986, un soir de finale de Coupe du Monde, dans le
mythique stade Aztèque de Mexico, où le joueur de 1,65 m n'est qu'un immense
sourire brandissant le trophée mondial. Il est au sommet de son art.
Son but inscrit de la main contre les
Anglais en quarts de finale a fait hurler de joie tout un peuple qui a accepté
l'explication improvisée et géniale de Maradona: "la main de Dieu".
Mais les fans de football retiendront
surtout son deuxième but contre ces mêmes Anglais, lui qui a passé en revue
toute la défense avant de tromper le gardien, un chef-d'œuvre d'intuition et de
talent pur.
Beaucoup moins glorieux, le second cliché
date du 26 avril 1991. Hirsute, bouffi, mal rasé, l'œil éteint, Maradona sort
de son domicile de Buenos Aires entouré de deux policiers venus l'arrêter pour
détention et consommation de cocaïne.
C'est le début de la déchéance, des
déclarations tapageuses, des outrances de tous ordres, des retours au premier
plan soigneusement orchestrés par un entourage de requins. Les cures de
désintoxication vont désormais alterner avec les rechutes.
"Arriver dans la surface et ne pas
pouvoir tirer au but, c'est comme danser avec sa soeur".DIEGO
MARADONA
Après avoir goûté à la drogue dans le
barrio Chino de Barcelone, où il a joué deux saisons (1982-1984), son
accoutumance n'a pas faibli pendant ses années de gloire à Naples (1984-1991),
club où il est adulé pour lui avoir fait gagner les deux seuls titres de
champion d'Italie de son histoire, en 1987 et 1990.
Mais Maradona a payé cher cette célébrité
qu'il n'a jamais su gérer. Sali par les scandales, sous le coup d'une
suspension de deux ans pour un nouveau contrôle positif en 1994, il quitte
officiellement le monde du football, à 37 ans, le jour de son anniversaire.
Crises à répétition
Loin des stades, la déchéance va
s'accélérer. En 2000, il est hospitalisé à Punta del Este, célèbre station
balnéaire d'Uruguay, pour une crise cardiaque liée à la drogue.
Il s'en sort et part à Cuba en cure de
désintoxication. Quatre ans d'allers et retours entre l'Argentine et sa seconde
patrie ne réussiront pas à le guérir durablement de sa dépendance à la cocaïne.
En 2004, il frôle la mort après un accident cardiovasculaire à l'issue duquel
il repart à La Havane. Fidel Castro est son "ami", " son
second père" son "confident", disait-il, depuis leur première
rencontre en 1987. Maradona avait son visage, tatoué sur son mollet. Il
soutiendra également la révolution chaviste au Venezuela, ainsi que son
successur, Nicolas Maduro.
L'année suivante, il subit à Bogota une
opération chirurgicale destinée à réduire la capacité d'absorption de son
estomac pour lutter contre l'obésité, ce qui lui permet de perdre près de 50
kilos.
L'Argentine veut à nouveau y croire. Fin
2005, charmeur et en forme, il bat des records d'audience avec son émission
télévisée "La nuit du 10" où il invite notamment son grand rival
Pelé. Pourtant, Diego se met à boire, grossit, fume et rechute dans une crise
hépathique qui le ramène à l'hôpital en 2007.
Une fois encore, il s'en sort et reprend
du service. Nommé sélectionneur de l'équipe d'Argentine en 2008, il est écarté
deux ans plus tard pour mauvais résultats. Par la suite, il entraînera deux
clubs émiratis avant de s'engager en tant que président du club bélarusse du
Dinamo Brest (D1) en 2018.
La même année, il devient entraîneur des Dorados de
Sinaloa (D2 mexicaine) avant d'en claquer la porte avec fracas huit mois plus
tard à cause d'un pénalty non sifflé pour son club. Maradona dans toute sa
splendeur...
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