Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93.
Le gouvernement et son administration
profitent de la focalisation de l’attention des citoyens sur les problèmes liés
à la crise du coronavirus pour accélérer leurs projets de restructuration de
l’offre hospitalière. Qui dit restructuration implique fermeture systématique
de près d’un tiers des lits, selon le principe du fameux « virage
ambulatoire ». Or, l’épidémie a mis en lumière le cruel manque de lits dans
nos établissements, notamment en réanimation mais aussi dans les autres
services.
Pour bien comprendre la situation, il faut citer quelques exemples. Il s’agit dans la région Centre, la plus pauvre en termes d’offre de soins, d’une remise en cause par la chambre régionale des comptes du projet de reconstruction du CHR d’Orléans, qualifié de « surdimensionné », avec une demande de diminution de sa capacité. Il en va de même à Nantes, avec la construction du nouvel hôpital sur l’île de Nantes, non seulement en zone inondable, mais là aussi avec la suppression de près de 350 lits. En Île-de-France, l’AP-HP vient d’accélérer le concours d’architecte pour la construction de l’hôpital Nord, qui se traduira par la fermeture des hôpitaux Bichat et Beaujon, avec, à la clé, la disparition de plus de 400 lits et de 1 200 emplois…
Mais l’institution francilienne ne
s’arrête pas là dans la stratégie de casse menée par son directeur Martin
Hirsch : le plan gériatrie se poursuit avec la fermeture de 40 % des lits
de soins de longue durée occupés principalement par des personnes âgées
dépendantes, la vente des Ehpad au privé, la fermeture de l’hôpital
Jean-Verdier en Seine-Saint-Denis, dans une des zones les plus pauvres de
France et les plus sous-dotées en capacité hospitalière, la fermeture de
l’hôpital de Garches, mondialement réputé pour son excellence dans la prise en
charge des handicaps lourds, et, cerise sur le gâteau, la nouvelle fermeture –
soi-disant temporaire – des urgences de l’Hôtel-Dieu en pleine crise
sanitaire !
La liste est longue et je ne peux pas tout développer.
Il est inacceptable de profiter de la crise pour accélérer la casse de
l’hôpital public. La précipitation actuelle vise à rendre ces décisions
irréversibles. Nous appelons la population à dire non, à solliciter partout les
élus pour protester, et à nous rejoindre dans nos mobilisations. Les
applaudissements ne suffisent pas !
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