Face à la hausse de plusieurs indicateurs mesurant
l’avancée du virus en France, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent
déjà pour que la stratégie de lutte soit durcie. Le gouvernement planche sur de
nouvelles restrictions.
Une semaine après l’annonce par Emmanuel Macron
d’un nouveau confinement pour mettre « un coup de frein brutal aux
contaminations », les chiffres de l’épidémie continuent de croître.
Certains indicateurs flambent, au point que de nouvelles mesures plus strictes
vont être mises en place dès ce vendredi 6 novembre, notamment à Paris.
1 Que disent les derniers chiffres de l’épidémie?
Les derniers chiffres relatifs à la
progression du coronavirus sont peu rassurants. « Le virus est partout,
de plus en plus de personnes entrent en réanimation et, à l’hôpital, il y a de
plus en plus de morts », résume l’épidémiologiste Catherine Hill. Les
dernières données de l’agence Santé publique France ne la contredisent pas.
Mardi 3 novembre, un nouveau palier a été franchi, avec 400 morts
comptabilisés en 24 heures. Le nombre de nouvelles admissions en
réanimation est lui aussi en hausse, à 540. Un chiffre du même ordre que ceux
enregistrés au plus fort de la première vague. Mercredi, 4 080 patients
Covid se trouvaient en réanimation. Pour soulager certains hôpitaux qui
commencent à être débordés, des transferts de patients ont déjà commencé :
depuis la mi-octobre, 43 patients ont été transférés de la région
Auvergne-Rhône-Alpes, très touchée par l’épidémie, vers la Bretagne ou
l’Aquitaine. Des transferts de malades vers l’Allemagne depuis les
Hauts-de-France sont également envisagés. Dans le même temps, à l’inverse, le
taux d’incidence (nombre de tests positifs pour 100 000 habitants) a
légèrement baissé, s’établissant à 474 entre le 26 octobre et le 1er novembre,
contre 482 la semaine précédente.
Certaines métropoles, qui avaient été
soumises au couvre-feu le 17 octobre, semblent elles aussi observer une
légère baisse, à l’instar de Paris ou Toulouse. Le taux de positivité, lui,
stagne autour de 20,8 % depuis quelques jours. Signe d’une
embellie ? « Il y a d’énormes variations d’un jour à l’autre »,
nuance Catherine Hill, qui considère d’ailleurs que le taux d’incidence « est
un mauvais indicateur » puisqu’il y aurait en réalité « plus de cas
positifs que ceux que l’on trouve ».
2 Des restrictions trop douces ?
Moins d’une semaine après l’entrée en
vigueur du second confinement, les effets sur la circulation du virus ne sont
pas tangibles. « On ne verra pas d’effets du confinement probablement
avant dix jours », a pronostiqué sur CNews Philippe Juvin, le chef des
urgences de l’hôpital Pompidou. Ce n’est pas une surprise. Lors du premier
confinement, il avait fallu attendre une dizaine de jours avant de voir stagner
la courbe des hospitalisations. Sauf qu’au vu de l’accélération de la
circulation du virus, les craintes d’une embolisation du système hospitalier se
font plus pressantes. « Le pire est devant nous », s’est alarmé
mercredi soir le président de la commission médicale d’établissement de
l’AP-HP, Rémi Salomon, en jugeant que « le pic » interviendrait
autour du 15 novembre. Beaucoup jugent ce confinement « light », insuffisant
pour casser rapidement la courbe épidémique. Le couvre-feu et le
confinement « ont juste compensé les mauvais effets des vacances de la
Toussaint, où il y a eu des rassemblements familiaux. L’augmentation va
continuer encore pas mal de temps avant que le confinement ne fasse effet,
d’autant plus qu’il est beaucoup moins strict que le précédent », assure
Catherine Hill.
3 Vers un durcissement de la stratégie de lutte ?
Dans ce contexte, des voix s’élèvent pour
que les mesures en vigueur prennent des allures plus strictes. Frédéric
Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, appelle à un
resserrement de la vis « si les chiffres ne s’améliorent pas ». « Le
télétravail n’est pas assez généralisé (…) Et puis, il y a ces 12 millions
d’élèves des écoles, collèges et lycées qui continuent à aller en classe et à
se réunir sans mesures barrières à l’extérieur », dénonce, dans la
Croix, le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies
infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, à Paris. Pour lui, « l’objectif
de revenir à 5 000 contaminations par jour n’est pas atteignable avec un
confinement si léger ». Ce que confirme William Dab, épidémiologiste,
ancien directeur général de la santé de 2003 à 2005, interrogé dans le
Monde : « Obtenir ce résultat alors que les écoles sont ouvertes
semble une gageure. Je m’attends plutôt à ce que ce confinement dure jusqu’au
mois de janvier. » Pour lui, « l’isolement est la pièce
maîtresse de la lutte contre l’épidémie ». Pour rappel, au printemps
dernier, la circulation du virus avait diminué grâce au confinement, qui avait
réduit les contacts sociaux de 80 %…
4 Des premières mesures mises en place à Paris
La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a pris les
devants jeudi matin, annonçant la fermeture dès 22 heures dans la capitale
des débits de boissons, épiceries et lieux de restauration à emporter, pour
éviter des « attroupements » propices aux contaminations.
Mesure confirmée quelques heures plus tard par la préfecture de police, qui a
précisé que cette interdiction sera effective à partir de ce vendredi, entre
22 heures et 6 heures. Les prémices d’un couvre-feu sur Paris ?
Olivier véran veut jouer sur tous « les leviers »
Pas
d’annonces tonitruantes lors de la conférence de presse du ministre de la
Santé, jeudi soir. Olivier Véran a rappelé quels étaient les « leviers » dont
disposent les hôpitaux pour faire face à l’épidémie de Covid-19, qui s’aggrave
sur tout le territoire. Il a notamment insisté sur les « renforts » pouvant
être apportés aux personnels soignants dans les hôpitaux. Concernant les
services de réanimation, en plus des 7 000 professionnels de santé « déjà
formés », 1 500 personnes « sont actuellement en formation pour pouvoir
prêter main-forte » à leurs collègues en réanimation, a indiqué le ministre.
« 6 500 lits de réanimation » étaient ouverts le 30 octobre, a-t-il
aussi rappelé. « Cette augmentation est toujours en cours et se fera en
fonction des besoins, avec l’objectif d’atteindre 10 700 lits », a-t-il
insisté. Olivier Véran a également affirmé avoir « réactivé l’ensemble des
dispositifs de télémédecine » qui fonctionnaient pendant la première vague.

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