Face à un Donald Trump, climatosceptique en chef, Joe Biden est poussé vers un New Deal vert par une nouvelle génération d’électeurs, de militants et d’élus.
« Vous verrez, ça va se refroidir. » La Californie brûle et Donald Trump regarde
ailleurs, pour emprunter l’image du défunt Jacques Chirac. Il n’y a pas d’image
plus éclatante d’une forme de négationnisme climatique que ce déplacement,
mi-septembre, du président américain dans l’État le plus peuplé du pays au
moment où des feux gigantesques ravagent des centaines de milliers d’hectares.
Selon l’hôte de la Maison-Blanche, le changement climatique n’a rien à voir
avec ce phénomène extrême. Il fallait plutôt chercher du côté de la « mauvaise
gestion forestière », avait-il lâché quelques jours plus tôt lors d’un
meeting. Hic : 57 % des forêts californiennes appartiennent à l’État
fédéral, 3 % seulement à celui de Californie.
Dona ld Trump « pyromane du climat »
Chez les républicains, tout est bon pour
nier la réalité du changement climatique et le facteur de l’activité humaine
dans celui-ci. Et de toute façon, « ça va se refroidir », tout
comme le Covid devait disparaître du jour au lendemain. Alors que la campagne
électorale entrait dans sa dernière ligne droite, Joe Biden ne retenait pas ses
coups et qualifiait Donald Trump de « pyromane du climat ». Le
bilan de ce dernier est assez éloquent : sortie des accords de Paris, levée des restrictions pourtant timides de l’ère
Obama, accord systématique donné à tout projet économique au détriment de
l’environnement (dont l’oléoduc Keystone, un temps bloqué par Barack Obama),
nomination de climatosceptiques à l’EPA, l’équivalent du ministère de
l’Environnement.
Joe Biden dans la lignée de Sanders
Du côté démocrate, la prise en compte du changement
climatique s’est accélérée depuis 2016, à la fois en réaction à la politique de
Trump mais aussi et surtout en raison de la montée en puissance d’une nouvelle
génération d’électeurs, de militants et d’élus qui en font la pierre angulaire
d’un projet transformateur. Le premier coup d’éclat d’Alexandria Ocasio-Cortez
au Congrès n’a-t-il pas consisté en l’occupation, en compagnie de militants du
climat, du bureau de Nancy Pelosi afin de promouvoir le Green New Deal ? Ce
projet phare de l’aile Sanders n’a pas été repris in extenso dans la plateforme
démocrate, mais des pans entiers y ont été intégrés, comme des investissements
publics massifs et l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre d’ici à
2050. Pour l’establishment démocrate, l’horizon d’un « capitalisme vert » à
grands coups d’incitations fiscales reste pourtant indépassable.
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