vendredi 2 octobre 2020

Pauvre Martin, pauvre Brassens...


Marie-José Sirach

C’était il y a quelques jours. Le 22 septembre dernier. La maison Artcurial mettait en vente des originaux de Georges Brassens. Quelques pages détachées d’un cahier, que possédait la famille de Fred Mella, le soliste des Compagnons de la Chanson. 

Vingt manuscrits de chansons, une lettre de l’auteur de “la Mauvaise réputation” ainsi qu’un portrait des Compagnons de Cocteau étaient “offerts”, c’est le terme de rigueur dans le jargon, aux enchères. Estimés entre 600 et 18 000 euros, toutes les pièces ont trouvé preneur. Artcurial avait déployé des trésors de superlatifs pour vanter la richesse poétique des manuscrits du poète libertaire qui révèlent “son attachement à une liberté de ton et d’esprit ainsi que son attachement aux femmes”. Tout est bon… dans le commerce.

La vente eut lieu ce mardi 22 septembre. Les prix se sont envolés, adjugés cinq fois leur estimation, pour la coquette somme de 377 650 euros.

Pourquoi le ministère de la Culture ne s’est-il pas manifesté? N’aurait-il pu préempter la vente et se porter acquéreur sans enchères ? Les chansons de Brassens font partie de notre patrimoine, on les étudie et les chantent à l’école. Des collèges, des lycées portent le nom de l’artiste disparu. Pour tous les épris de liberté, ses chants n’ont pas de prix. Ces manuscrits auraient pu rejoindre des fonds publics. Ils finiront à l’ombre des coffre-fort de quelques tristes amateurs éclairés fortunés…

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