C’était il y a quelques jours. Le 22
septembre dernier. La maison Artcurial mettait en vente des originaux de
Georges Brassens. Quelques pages détachées d’un cahier, que possédait la
famille de Fred Mella, le soliste des Compagnons de la Chanson.
Vingt manuscrits de chansons, une lettre
de l’auteur de “la Mauvaise réputation” ainsi qu’un portrait des Compagnons de
Cocteau étaient “offerts”, c’est le terme de rigueur dans le jargon, aux
enchères. Estimés entre 600 et 18 000 euros, toutes les pièces ont trouvé
preneur. Artcurial avait déployé des trésors de superlatifs pour vanter la
richesse poétique des manuscrits du poète libertaire qui révèlent “son
attachement à une liberté de ton et d’esprit ainsi que son attachement aux
femmes”. Tout est bon… dans le commerce.
La vente eut lieu ce mardi 22 septembre.
Les prix se sont envolés, adjugés cinq fois leur estimation, pour la coquette
somme de 377 650 euros.
Pourquoi le ministère de la Culture ne s’est-il pas
manifesté? N’aurait-il pu préempter la vente et se porter acquéreur sans
enchères ? Les chansons de Brassens font partie de notre patrimoine, on les
étudie et les chantent à l’école. Des collèges, des lycées portent le nom de
l’artiste disparu. Pour tous les épris de liberté, ses chants n’ont pas de
prix. Ces manuscrits auraient pu rejoindre des fonds publics. Ils finiront à
l’ombre des coffre-fort de quelques tristes amateurs éclairés fortunés…
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