Le concept derrière le mot est l’un des piliers de notre République. Et, depuis plus d’un siècle, on tente de le dévoyer. Le débat actuel sur fond de terrorisme islamique fait ressurgir des antagonismes qui existent depuis l’invention de la laïcité. Ceux qui s’en prétendent les plus ardents défenseurs aujourd’hui étant souvent les mêmes qui ont tenté de la transformer en une notion rabougrie. On se souvient de Sarkozy plaidant pour une laïcité « positive » et affirmant que, « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé ». Positive n’étant que l’un des nombreux qualificatifs accolés à laïcité. Elle doit être « ouverte » pour certains, « de combat » pour d’autres, ou encore « intransigeante ». Or, la laïcité ne peut avoir de qualificatif, il lui suffit d’être… la laïcité. Elle n’est ni l’œcuménisme ni la neutralité. Elle n’est pas plus la religion de la République ni celle de ceux qui n’en ont pas.
« Non seulement je n’ai jamais compris la
séparation des Églises et de l’État comme une persécution, mais je ne
l’ai jamais comprise comme une vexation, comme une taquinerie », écrit
Jean Jaurès dans un article du 30 avril 1905, en réponse à des
parlementaires, dont Clemenceau, qui l’accusent d’être un « socialo-papalin »,
car il refuse une loi anticléricale. Des mots qui résonnent dans une actualité
où l’anathème « d’islamo-gauchisme » est utilisé pour mettre à l’index ceux qui
refusent les logiques d’affrontement identitaire. Mettre en question la loi de
1905, fusse pour prétendument « renforcer » la laïcité contre
le « séparatisme islamique », c’est faire croire que la version de
l’islam qu’en donnent des fanatiques intégristes est peu ou prou celle de
l’ensemble des musulmans. Et donc sortir du cadre de la laïcité. « Le
jésuitisme est haïssable partout, dans la libre-pensée comme dans la
religion », ajoutait Jaurès dans le même article. C’est toujours vrai
Messieurs Macron, Blanquer et consorts.
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