Le pouvoir, qui s’est lui-même désarmé, a
donc dû choisir entre la peste et le choléra. Sauver des vies menacées par le
virus, quitte à compromettre sur le long terme celles des plus fragiles
socialement, qui mourront à petit feu et loin des projecteurs du crash
économique et social qui s’annonce. Si les Français font preuve d’une grande
responsabilité, le pouvoir devra rendre des comptes. Le président a d’ailleurs
bien conscience que ce reconfinement sera bien plus difficile à accepter par
les citoyens qu’au mois de mars. Une fois n’est pas coutume sous cette
monarchie présidentielle en état d’urgence quasi permanent, l’exécutif
soumettra ses décisions à un débat, puis à un vote au Parlement, dès demain,
dans l’espoir d’imposer le silence dans les rangs de l’opposition pour faire
front face à l’exaspération populaire.
Le coefficient du vent de panique qui a soufflé ces
derniers jours à l’Élysée n’a pas échappé aux Français. Tabou dans la majorité,
il y a encore une semaine, ce reconfinement est de fait un aveu d’échec. « Oui
nous serons prêts ! » avait pourtant assuré avec arrogance Emmanuel
Macron le 14 juillet. Cette sentence présidentielle résonne aujourd’hui
bruyamment aux oreilles des soignants épuisés, « ceux qui ont déjà
beaucoup donné », et qui rempilent pour des semaines infernales. Les
Français se précipiteront-ils une nouvelle fois au balcon pour applaudir leur
héroïsme, après que les blouses blanches se sont retrouvées bien seules à
défiler dans les rues pour demander plus de moyens ? La vie d’abord,
aujourd’hui comme demain.
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