mardi 13 octobre 2020

Il y a urgence ! Le billet du Dr Christophe Prudhomme. Covid +


Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93.

La pénurie de soignants motive des décisions assez incompréhensibles de la part des responsables médico-administratifs. En effet, dans de très nombreux établissements, les soignants testés positifs au coronavirus peuvent continuer à travailler s’ils ne présentent pas de symptômes. Mais alors, sont-ils contagieux ou non ? Le port du masque empêche-t-il la contamination des patients ?

 

Une affaire de gestion de pénurie

La réponse à ces questions n’est visiblement pas la même pour les « gestionnaires » de la crise en fonction du métier et du lieu de travail. En effet, en entreprise, quelles que soient les conditions de travail, l’éviction est obligatoire pour sept jours. Récemment, un employé a même été licencié parce qu’il était venu travailler alors qu’il était positif. Comment comprendre cette politique à géométrie variable ? C’est simple, comme pour les masques, puis les tests en début d’épidémie, ces décisions n’ont rien à voir avec des mesures de santé publique cohérentes. Elles sont motivées uniquement par la gestion de la pénurie. Pénurie qui est connue et qui s’est même aggravée depuis le début de l’année.

 

Depuis la crise, aucun plan de recrutement n’a été mis en place par le gouvernement et les démissions sont nombreuses.

 

En effet, même le président de la Fédération hospitalière de France, représentation institutionnelle des hôpitaux, a déclaré récemment qu’il y avait moins de personnels actuellement dans les hôpitaux qu’au mois de janvier. En effet, depuis la crise, aucun plan de recrutement n’a été mis en place par le gouvernement et les démissions sont nombreuses du fait de la poursuite de la dégradation des conditions de travail et de la déception face au Ségur de la santé.

 

Mobilisation le 15 octobre

Dans mon établissement, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, plus grand hôpital d’Europe, le bilan social chiffre les suppressions d’emplois à environ 3 400, ces trois dernières années, dont 2 000 emplois de soignants. La seule solution est donc de faire travailler des personnels potentiellement contagieux, avec tous les risques que cela comporte. Cette situation justifie pleinement la mobilisation du 15 octobre pour exiger un plan de formation et d’embauches massives et immédiates dans les secteurs de la santé et de l’action sociale. Il ne manque pas de chômeurs qui pourraient être immédiatement embauchés comme agents des services hospitaliers afin de soulager le travail des soignants.

 

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