Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93.
La pénurie de soignants motive des
décisions assez incompréhensibles de la part des responsables
médico-administratifs. En effet, dans de très nombreux établissements, les
soignants testés positifs au coronavirus peuvent continuer à travailler s’ils
ne présentent pas de symptômes. Mais alors, sont-ils contagieux ou non ? Le
port du masque empêche-t-il la contamination des patients ?
Une affaire de gestion de pénurie
La réponse à ces questions n’est
visiblement pas la même pour les « gestionnaires » de la crise en fonction du
métier et du lieu de travail. En effet, en entreprise, quelles que soient les
conditions de travail, l’éviction est obligatoire pour sept jours. Récemment,
un employé a même été licencié parce qu’il était venu travailler alors qu’il était
positif. Comment comprendre cette politique à géométrie variable ? C’est
simple, comme pour les masques, puis les tests en début d’épidémie, ces
décisions n’ont rien à voir avec des mesures de santé publique cohérentes.
Elles sont motivées uniquement par la gestion de la pénurie. Pénurie qui est
connue et qui s’est même aggravée depuis le début de l’année.
Depuis la crise, aucun plan de recrutement
n’a été mis en place par le gouvernement et les démissions sont nombreuses.
En effet, même le président de la
Fédération hospitalière de France, représentation institutionnelle des
hôpitaux, a déclaré récemment qu’il y avait moins de personnels actuellement
dans les hôpitaux qu’au mois de janvier. En effet, depuis la crise, aucun plan
de recrutement n’a été mis en place par le gouvernement et les démissions sont
nombreuses du fait de la poursuite de la dégradation des conditions de travail
et de la déception face au Ségur de la santé.
Mobilisation le 15 octobre
Dans mon établissement, l’Assistance publique-Hôpitaux
de Paris, plus grand hôpital d’Europe, le bilan social chiffre les suppressions
d’emplois à environ 3 400, ces trois dernières années, dont 2 000 emplois de
soignants. La seule solution est donc de faire travailler des personnels
potentiellement contagieux, avec tous les risques que cela comporte. Cette
situation justifie pleinement la mobilisation du 15 octobre pour exiger un
plan de formation et d’embauches massives et immédiates dans les secteurs de la
santé et de l’action sociale. Il ne manque pas de chômeurs qui pourraient être
immédiatement embauchés comme agents des services hospitaliers afin de soulager
le travail des soignants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire