Quand bien même elle n’est pas totalement respectée, la trêve humanitaire décrétée samedi au Haut-Karabakh est une bonne nouvelle. Depuis le 27 septembre, l’Azerbaïdjan avait lancé une offensive pour récupérer les territoires de langue arménienne qu’elle a perdus lors d’une guerre entre 1988 et 1994 à la faveur de la dissolution de l’URSS et qui sont, de facto, administrés par la république autoproclamée d’Artsakh. Les représentants de l’Arménie, soutien de l’Artsakh, et ceux de l’Azerbaïdjan se sont retrouvés vendredi pour des pourparlers qui ont abouti à un cessez-le-feu. Celui-ci doit permettre des échanges de prisonniers et de corps, mais aussi, selon le parrain de la rencontre Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, ouvrir des discussions « pour parvenir rapidement à un règlement pacifique » du différend.
Des heurts se sont poursuivis pendant le
week-end. Mais le ballet diplomatique également : Zohrab Mnatsakanian, ministre
arménien des Affaires étrangères, était lundi à Moscou pour rencontrer les
médiateurs du groupe de Minsk (États-Unis, France et Russie).
Cette région, comme tout le pourtour de la Russie, est
une terre d’affrontement entre puissances. En témoigne l’implication très forte
auprès de l’Azerbaïdjan d’une Turquie qui aspire à restaurer l’influence
ottomane sous la houlette d’un Recep Tayyip Erdogan en proie à des difficultés
internes. En témoignent également les livraisons d’armes aux deux belligérants
par Moscou ces dernières années. La non-ingérence doit redevenir de mise pour
trouver le chemin de la paix. D’autres préalables le sont aussi : le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes, qui avait conduit les Arméniens d’Azerbaïdjan à
rejeter la tutelle de Bakou à la fin de l’Union soviétique. Mais comme dans
d’autres zones du monde, l’humiliation ne peut servir de solution : certains
territoires azéris sont occupés par les forces de la République d’Artsakh pour
servir de glacis. Leur sort devra aussi faire l’objet de pourparlers, car dans
un climat de nationalismes exacerbés, chacun cherche sa victoire.
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