mardi 13 octobre 2020

« Un signe de paix », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité de ce jour.


Quand bien même elle n’est pas totalement respectée, la trêve humanitaire décrétée samedi au Haut-Karabakh est une bonne nouvelle. Depuis le 27 septembre, l’Azerbaïdjan avait lancé une offensive pour récupérer les territoires de langue arménienne qu’elle a perdus lors d’une guerre entre 1988 et 1994 à la faveur de la dissolution de l’URSS et qui sont, de facto, administrés par la république autoproclamée d’Artsakh. Les représentants de l’Arménie, soutien de l’Artsakh, et ceux de l’Azerbaïdjan se sont retrouvés vendredi pour des pourparlers qui ont abouti à un cessez-le-feu. Celui-ci doit permettre des échanges de prisonniers et de corps, mais aussi, selon le parrain de la rencontre Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, ouvrir des discussions « pour parvenir rapidement à un règlement pacifique » du différend.

 

Des heurts se sont poursuivis pendant le week-end. Mais le ballet diplomatique également : Zohrab Mnatsakanian, ministre arménien des Affaires étrangères, était lundi à Moscou pour rencontrer les médiateurs du groupe de Minsk (États-Unis, France et Russie).

 

Cette région, comme tout le pourtour de la Russie, est une terre d’affrontement entre puissances. En témoigne l’implication très forte auprès de l’Azerbaïdjan d’une Turquie qui aspire à restaurer l’influence ottomane sous la houlette d’un Recep Tayyip Erdogan en proie à des difficultés internes. En témoignent également les livraisons d’armes aux deux belligérants par Moscou ces dernières années. La non-ingérence doit redevenir de mise pour trouver le chemin de la paix. D’autres préalables le sont aussi : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui avait conduit les Arméniens d’Azerbaïdjan à rejeter la tutelle de Bakou à la fin de l’Union soviétique. Mais comme dans d’autres zones du monde, l’humiliation ne peut servir de solution : certains territoires azéris sont occupés par les forces de la République d’Artsakh pour servir de glacis. Leur sort devra aussi faire l’objet de pourparlers, car dans un climat de nationalismes exacerbés, chacun cherche sa victoire.

 

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