LE BILLET DU DR CHRISTOPHE PRUDHOMME, Médecin au Samu 93
Écarlate de colère ! Oui, nous le sommes, face au
climat de peur entretenu par le gouvernement avec des mesures toujours plus
contraignantes dont l’efficacité est sujette à caution. En effet, le seul
critère pertinent pour mesurer la gravité de la crise est le nombre de lits de
réanimation occupés. Or, si le gouvernement avait réellement entendu les
professionnels de terrain, il aurait profité de l’été pour armer au moins
12 000 lits de réanimation, comme cela avait été préconisé en mai au
regard des comparaisons internationales. Mais rien n’a été fait. Et, en ce
moment, un peu plus de 1 300 lits de réanimation sont occupés par des
malades du Covid-19, soit un taux d’occupation d’un peu moins de 25 %
nationalement.
Avec 12 000 lits, nous serions en dessous de
10 % de taux d’occupation et là, nous retomberions dans le « vert ». C’est
donc bien l’absence de moyens hospitaliers adaptés et d’anticipation du
gouvernement qui est à l’origine de la situation actuelle. De fait, cette
surcharge d’activité nous empêche de gérer à la fois le flux de patients
habituels et ceux atteints par le coronavirus. Il faut s’interroger sur le fait
que les nouvelles déprogrammations de malades comportent le risque d’une
surmortalité à terme qui est susceptible d’être supérieure à celle due à
l’épidémie. Tout cela, sans compter le fait que la santé comporte trois
composantes : le physique, le psychologique et le social. Or, la stratégie
actuelle ignore les conséquences sur les deux derniers éléments.
Nous assistons déjà à une explosion des
décompensations psychiatriques. Sans compter le fait que l’inquiétude et
l’angoisse, qui touchent de plus en plus de personnes, ont des incidences sur
l’état de santé général de la population. Et que dire du social, avec
l’explosion du chômage et l’atrophie des relations ainsi que des contacts avec
les autres. Nous ne savons pas combien de temps nous allons être confrontés à
ce virus. Il faut donc vivre avec, bien entendu en adoptant des comportements
adaptés au quotidien. Mais cela ne peut être l’abandon des autres malades à
l’hôpital et une vie sociale réduite à sa plus simple expression. L’urgence
actuelle n’est donc pas de fermer les bars, mais d’embaucher massivement à
l’hôpital pour ouvrir des lits, plus particulièrement des lits de réanimation,
et cela de manière pérenne, pour pouvoir gérer sereinement les mois et les
années qui viennent. Il est urgent, également, de revoir la politique de tests,
en utilisant plus largement les tests rapides qui pourraient être répétés
plusieurs fois par semaine pour les populations à risque. Cela permettrait
ainsi d’isoler précocement les personnes contagieuses et de maintenir une vie
quotidienne presque normale.
Le billet du Dr
Christophe Prudhomme
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