mercredi 21 octobre 2020

« Cuisine empoisonnée », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !


Aux origines du communautarisme, il y a les hyper ou les supermarchés. La théorie, qui frappe par sa nouveauté, a été avancée par Gérald Darmanin, sur BFM TV : « Ca m’a toujours choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu’il a un rayon de telle cuisine communautaire. C’est comme ça que ça commence le communautarisme ». Les soupes chinoises, les produits grecs, les rayons de pâtes italiennes…Les propos du ministre de l’intérieur (oui, oui) seraient, juste d’une insondable bêtise s’ils n’étaient pas énoncés dans les circonstances présentes. Ils sont simplement ignobles. Quel rapport dans les heures dramatiques que nous venons de vivre, entre les rayons de cuisine « communautaire » et le meurtre de Samuel Paty. Ignobles, oui, irresponsables et indignes de sa fonction et de la République.

 

 

Qui pourrait être dupe? Gérald Darmanin ne vise pas le Tarama ou les crêpes bretonnes. Ce qu’il veut mettre au ban, dans cet hallucinant amalgame entre la cuisine, le communautarisme et le terrorisme, c’est l’ensemble des pratiques des musulmans de France, avec un piment démagogique. « Le capitalisme français, mondial a une responsabilité. Quand on vend des vêtements communautaires, peut-être qu’on a une petite responsabilité dans le communautarisme. Lorsqu’on prête de l’argent à des associations, ou à des entreprises communautaires…Ce n’est pas parce qu’on a des parts de marché en flattant quelques bas-instincts qu’on a rendu service au bien commun ». En d’autres termes, vendre ou acheter de la viande Hallal et pourquoi pas du couscous, ce serait lié à de bas instincts et la même chose que financer le terrorisme?

 

 

On croit cauchemarder, mais en réalité Gérald Darmanin révèle le non-dit de la droitisation de la vie politique, le non-dit de la loi en préparation sur le séparatisme. Le séparatisme c’est lui, c’est le pouvoir qui le porte, pour flatter, là, « les bas instincts » qui devraient conduire à ne plus voir dans le champ politique qu’une compétition entre la majorité et l’extrême-droite. Cette cuisine empoisonnée ne sort pas d’un supermarché mais des égouts de l’Histoire.

 

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