jeudi 8 octobre 2020

Contre-feux. Castex offre un gâteau empoisonné à la Sécu


Aurélien Soucheyre

Pour les 75 ans de la Sécurité sociale, le premier ministre a vanté la poursuite d’une réforme des retraites qui sape ses fondamentaux.

 

Jean Castex s’est voulu solennel, jeudi, au moment de célébrer les 75 ans de la Sécurité sociale. Le premier ministre a salué « les esprits visionnaires » de ses bâtisseurs, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Face à la crise du Covid-19, la Sécu a même été un « véritable amortisseur économique et social qui a empêché l’effondrement de la France », estime-t-il. C’est pourquoi il a appelé à ce que « cette grande œuvre soit confortée et amplifiée dans le sens de l’égalité, de la justice, et de la responsabilité, c’est-à-dire dans la fidélité aux principes fondateurs posés par le CNR ». Mais comment ? Et bien en relançant la réforme des retraites, pardi !

 

L’occasion était trop belle, pour la Macronie, d’instrumentaliser l’anniversaire de la Sécu pour redorer le blason d’un texte pensé pour l’abattre en grande partie. « Le souci d’universalité prévalait déjà à la création de notre système, en 1945. Il doit maintenant trouver sa réalisation complète, dans un régime universel et lisible par tous », a osé le premier ministre. Et pourtant, la réforme voulue par Emmanuel Macron n’a rien d’universel. Elle vise à repousser sans cesse l’âge de départ à la retraite, de génération en génération, en plus de diminuer les pensions pour une grande majorité des citoyens. Le texte, adopté en première lecture à coup de 49-3, prévoit même une baisse des montants en cas de crise économique et de baisse du produit intérieur brut, comme c’est actuellement le cas avec l’épidémie de Covid-19…

 

La réforme, accusée d’être lacunaire et insincère par le Conseil d’État, organise le recours à une retraite privée pour les plus riches, et toujours plus de travail dans le temps pour les métiers sous-rémunérés, comme tous ceux qui étaient en première ligne pendant le confinement. Loin, très loin de l’esprit d’Ambroise Croizat en 1945, qui voulait aligner les montants vers le haut, a généralisé le droit à la retraite à tous les Français, en plus d’augmenter les montants de 150 %…

 

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