Ils étaient des centaines à manifester, ce vendredi,
sur le parvis de la mairie de Saint-Denis. Les salariés de la commune dénoncent
les attaques du nouvel édile socialiste sur leurs acquis sociaux et taclent
l’électoralisme de mesures iniques.
Ils ont bravé le mauvais temps et les
couleurs des drapeaux syndicaux tranchaient le gris du ciel. Ce vendredi, en
milieu de matinée, des centaines d’agents de la mairie de Saint-Denis
(Seine-Saint-Denis) sont venus dire - à l’appel de la CGT, l’UNSA, la FSU et
Solidaires - leur colère sur le perron de l’hôtel de ville, sous les fenêtres
de Mathieu Hanotin, nouveau maire socialiste de la ville.
« Un mépris invraisemblable »
« Nous faire ça, du jour au lendemain,
sans aucune concertation, c’est d’un mépris invraisemblable pour le personnel
communal, pour nous », s’indigne cette salariée, qui préfère taire son nom
et son métier. Et c’est ce mépris que dénoncent d’une même voix tous les
manifestants. En cause, la décision unilatérale du nouvel édile de s’attaquer
aux acquis sociaux des agents de la ville. « Il nous supprime trois jours de
congé, la médaille du travail, même pour les gens qui, comme moi, travaillent
ici depuis 42 ans, il nous supprime aussi deux primes annuelles de
700 euros chacune, versées en juin et en novembre », liste un agent de la
ville. « Mathieu Hanotin nous considère comme des feignants, des privilégiés »,
résume, amère, Serges Ritmanic, secrétaire général de la CGT Territoriaux de
Saint-Denis.
Non seulement le nouveau maire nous retire du pouvoir
d’achat, mais quand il s’agit d’augmenter les effectifs ou de remplacer les
collègues en arrêt pour des mois, là, il n’y a plus personne !
Toutes les trois blotties sous un
parapluie et désirant elles aussi garder l’anonymat, ces employées des écoles
de la ville n’en reviennent pas. « Non seulement le nouveau maire nous retire
du pouvoir d’achat, mais quand il s’agit d’augmenter les effectifs ou de
remplacer les collègues en arrêt pour des mois, là, il n’y a plus
personne ! » Derrière la décision de Mathieu Hanotin, l’une d’entre elles
y voit le moyen pour le nouveau maire de financer ses promesses électorales.
« Il a fait campagne sur la gratuité des cantines scolaires, d’abord pour les
maternelles, et dès l’année prochaine pour les élèves de primaire »,
explique-t-elle. « Cette mesure est faite pour plaire à son électorat, aux
parents, mais il est clair que cet argent, il compte le récupérer sur nos
acquis. » Pire, « le nouveau maire veut sous-traiter nos missions de
nettoyage des établissements scolaires à des entreprises privées
prestataires », renchérit sa collègue.
« Gestionnite aiguë »
Au micro, Daniel Nail (Unsa) regrette
qu’« en trois mois de mandat, la nouvelle majorité ait réussi à bloquer le
dialogue social à la mairie alors même que nos conditions de travail sont de
plus en plus difficiles. Il fait de la "gestionnite" aiguë ».
Pascale est venue en soutien. Salariée de
Plaine commune, elle comprend la colère de ses collègues à la ville et ne se
fait guère d’illusion sur la suite. « Leur maire, c’est aussi le président de
Plaine Commune et c’est clair que ce qui arrive aujourd’hui au personnel
communal va nous arriver tôt ou tard ». Pourtant, poursuit Pascale, « les
agents ont été sur le terrain durant tout le confinement, pour faire tourner la
ville et c’est d’autant plus injuste de leur faire ça maintenant. C’est en
réalité très violent ».
« Le maire s’est augmenté de 1 600 euros par mois »
Ce vendredi, les agents de la ville ont adressé à
Mathieu Hanotin un premier avertissement. « Si le dialogue n’est pas rapidement
rétabli, nous poursuivrons les actions », promet Amel Damani (Solidaires).
« Nous ne nous laisserons pas faire, il veut faire croire aux gens que nous
sommes des nantis alors qu’on est au plus bas de l’échelle des salaires de la
fonction publique et que, je le rappelle, le maire s’est augmenté de
1 600 euros par mois dès son arrivée », poursuit la syndicaliste. Pour la
suite, les agents communaux en colère sont bien décidés à associer la
population à leur lutte. « Le maire tente de nous diviser, en nous faisant
passer pour des privilégiés, il veut monter les habitants contre nous, mais
nous ne sommes pas dupes et c’est ensemble, avec les Dyonisiens, que nous
gagnerons », explique Patricia Scarpa, de la FSU. Car au fond, conclut la
syndicaliste, « cette ville a une histoire, une spécificité et personne ne
nous enlèvera ça ».
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