Vous demandiez justice ? Eh bien, comparaissez devant elle ! On pourrait écrire l’histoire des militants anti-chlordécone de Martinique et de Guadeloupe à la façon d’un Jean de La Fontaine désabusé. Mais il faut sans doute d’abord clarifier le terrain : rien à voir avec la chloroquine, qui nous a occupés une bonne partie de l’année. Non, le chlordécone est un insecticide utilisé contre le charançon du bananier qui fut répandu dans les plantations des Antilles entre 1972 (autorisation accordée par le ministre de l’Agriculture de l’époque, un certain Jacques Chirac) et 1993, alors que les États-Unis l’avaient interdit dès 1976. Mais le mal du produit a continué à infuser les terres… et les corps. À titre d’exemple assez édifiant, les Antilles affichent des taux de cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Cela fait désormais quinze ans que des
plaintes sont déposées contre des personnes et entreprises accusées d’être
responsable de ces empoisonnements. Sans suite. Des auditions tout à fait
officielles ont lieu et un ministre de l’Agriculture (Didier Guillaume, en
l’occurrence) a même évoqué de possibles réparations. 2020 arriva et personne
ne vit toujours rien venir. Un collectif contre l’impunité se créa. Des actions
se décidèrent. La police intervint et la justice condamna, dans une sorte de
fable répétitive d’une ancestrale domination sociale et coloniale. Mais, des
deux côtes de l’Atlantique – sur le sol de la même République –, la réponse du
bâton à ceux qui demandent justice ne produit manifestement pas l’effet
escompté : l’abandon de la demande de justice.
Il y a un peu plus d’une décennie, un mouvement social
inédit s’était levé et avait résumé un système par un mot, qu’il est nécessaire
de convoquer de nouveau : la « pwofitasyon. » Pour son profit, une caste, a
semé la mort et la désolation (malheureusement, les mots ne sont pas trop
forts), refuse d’en payer les conséquences, à l’ombre de l’inaction des
gouvernements successifs. Un séparatisme que ne saurait tolérer la République !
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